Au nord de Bamako, la capitale du Mali, des hommes armés ont kidnappé trois employés de la société chinoise Covec et deux Mauritaniens de l’entreprise ATTM. L’armée malienne tente de retrouver les ravisseurs.
Dans la soirée du samedi 17 juillet, une annonce des forces armées maliennes (FAMA) fait état de l’enlèvement de cinq ressortissants étrangers. Il s’agit d’employés des sociétés Covec et ATTM. Le kidnapping a eu lieu à Kwala, au nord de la capitale malienne. La région est pourtant traditionnellement sous contrôle de l’armée.
Les FAMA ont accusé des groupes armés terroristes (GAT) de l’enlèvement. L’armée malienne a aussi précisé que la sécurité des deux entreprises, dont les employés ont été enlevés, était assurée par une société privée. L’annonce n’est pas fortuite : l’Etat malien a lancé plusieurs appels, en particulier à la société Covec, dans le but de remettre aux autorités les plans de déplacement de son matériel d’extraction minière. L’Etat malien a aussi, à de nombreuses reprises et de manière officielle, exhorté la société à inclure les forces de l’ordre dans la surveillance de ses sites. Ce que Covec a refusé depuis plusieurs années.
Cet enlèvement intervient quelques jours après l’éclatement d’affrontements meurtriers entre les chasseurs dozos et Aqmi dans le cercle de Niono. Ces tensions ont eu lieu exactement dans l’ouest de Niono, à quelques kilomètres du lieu des enlèvements.
🇲🇱#Mali — #Koulikoro #Nara ce 17/07/21. Des présumés combattants de la katiba du macina ont attaqué un site abritant une entreprise chinoise (#COVEC) et #Mauritanie-nne ( #ATTM). Énorme dégât matériels et plusieurs personnes ont été enlevées.
— Larmes des pauvres (@ocisse691) July 17, 2021
Vers un retour des hostilités entre le Mali et la Katiba Macina ?
Les forces armées maliennes ont annoncé qu’elles s’étaient lancées à la poursuite des ravisseurs. Il est donc bien probable que les otages soient libérés rapidement. Toutefois, les autorités maliennes ont profité de cet événement pour lancer un message : les entreprises minières et infrastructurelles chinoises comme Covec, dont les filières françaises investissent au Mali, se tournent souvent vers des sociétés privées de sécurité. En l’occurrence, la Société Nouvelle de Sécurité (SNS) assurait le gardiennage du site Covec de Kwala.
L’Accord de Niono pour le cessez-le-feu entre les Dozos et Aqmi n’a pas pris fin sans raison. Il faut rappeler que c’est un bombardement de Barkhane, décidé unilatéralement, qui a provoqué la fin de cet accord de paix, difficilement établi en mars, qui a aussi mobilisé plusieurs parties maliennes. Notamment, le Haut Conseil islamique malien (HCIM) et des représentants du gouvernement.
La réaction de la Katiba Macina s’est donc faite attendre, mais elle a finalement eu lieu. Le groupe, appartenant à Aqmi et commandé par Amadou Koufa reprend les hostilités. L’enlèvement d’hier pourrait donc bien signifier la fin du fragile processus de réconciliation entre le Mali et la Katiba Macina.
L’incident a provoqué de gros dégâts matériels et le kidnapping des ressortissants étrangers inquiète les FAMA. Il pourrait signifier la reprise de futurs affrontements dans le sud-ouest malien. Malgré la situation précaire, cette situation représente une opportunité pour les FAMA, qui pourront ainsi montrer leur capacité à établir la présence de l’Etat et à rassurer les investisseurs étrangers.
#Mali: Another twist involving Barkhane. The mission carried 4/26 an airstrike in the area 35 km from Diabaly, Niono Cercle, Ségou region killing at least 27 militants.
What does this mean to ceasfire and peace accords in the area between population and armed groups? #Sahel pic.twitter.com/856fWDFwfV— Rida Lyammouri (@rmaghrebi) April 27, 2021