Le dialogue national en Centrafrique avait pour but d’écouter les réserves des opposants. Toutefois, après le troisième round de discussions sur la logistique de ce dialogue, l’opposition se dit encore insatisfaite. Trop de concessions de la part du président ?
Face à l’insécurité et les soucis socio-économiques, l’opposition centrafricaine a manifesté à Bangui le mois dernier. Malgré les petits nombres, qui reflètent le poids politique des partis impliqués, le président Faustin-Archange Touadéra a annoncé l’organisation d’un dialogue national inclusif. Cependant, depuis le début de ce processus, les évènements se succèdent dans le pays et les opposants ont tout de même plus de revendications. Notamment, une représentativité égale dans le dialogue. Mais est-ce que cette représentativité serait équitable ?
Outre la prépondérance de la coalition de Touadéra dans l’Assemblée nationale, l’efficacité du gouvernement ne fait pas de doute. L’action décisive des derniers mois en République centrafricaine (RCA) a mis de l’huile dans les rouages de l’Etat. Sur la question sécuritaire, les FACA qui étaient repliés dans la capitale, contrôlent maintenant plus de 70% du territoire. Une grande partie des recettes de l’Etat est dépensée en infrastructures, surtout dans le secteur éducatif, hospitalier et énergétique. Ensuite, l’alliance avec la Russie a porté ses fruits, clairement. Si les succès militaires ne le démontrent pas, la récente victoire de la RCA au sein de l’ONU devrait le démontrer. L’embargo sur le pays est levé, malgré la pression occidentale.
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— Observateur Continental (@ObsContinental) July 6, 2021
Le dialogue national en Centrafrique, à contre-courant
Donc, ce contexte a valu au président Faustin-Archange Touadéra (FAT) un plébiscite populaire hors du commun. Le président n’hésite pas à se mélanger à la foule lors de ses sorties publiques, non seulement sur les médias. Pourtant, lors du dernier remaniement ministériel, plusieurs opposants ont obtenu des portefeuilles au gouvernement. Notamment, le malheureux candidat à la dernière présidentielle, Serge Djorie. Qui occupe actuellement le poste de ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. C’est aussi un gouvernement avec une forte présence féminine, dont 6 ministres à des postes clés. En l’occurrence, Sylvie Baïpo-Temon, qui dirige la diplomatie de la RCA.
Nonobstant ces facteurs encourageants, la nouvelle opposition en RCA en demande plus. L’ancien Premier ministre de Touadéra Kamoun, directeur de budget sous l’ancien président, et chef de la rébellion, François Bozizé, parle de « mauvaise gouvernance ». Mahamat Kamoun a déclaré aux médias français : « Le président Touadéra propose quelque chose qui ne va pas dans le sens de ce que nous voulons ». Il appelle ainsi à une médiation de la CEEAC, à la place de celle de Touadéra. Il appelle aussi à l’inclusion de la CPC, à l’origine de la guerre civile dans le pays.
Le gouvernement se montre tolérant, toutefois. Suite à une réunion vendredi, le directeur de cabinet du président, Obed Namsio, a réitéré la volonté de FAT de continuer les discussions. Le porte-parole de la présidence, Albert Mokpème, a déclaré : « Un arbitrage sera fait pour voir dans quelle mesure satisfaire les revendications (des opposants) ». L’Etat centrafricain, en position de force politiquement et diplomatiquement, cherche sans doute à instaurer une unité nationale afin de barrer la route à de nouvelles insurrections. Mais n’est-il pas trop conciliant ?
Centrafrique: interdit de présidentielle, Bozizé veut unir l'opposition face à Touadéra https://t.co/mqq1fhvHFM pic.twitter.com/zYth1fbtub
— RFI (@RFI) December 16, 2020