La seconde édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF) n’aura finalement pas lieu au Rwanda, comme prévu. Elle se tiendra à Durban, en Afrique du Sud, du 15 au 21 novembre. Un message de l’Afreximbank à Kigali ?
L’évènement commercial africain de l’année, l’IATF 2021, a été délocalisé. Initialement prévu à Kigali, la capitale du Rwanda, l’IATF sera organisé finalement en Afrique du Sud. Ce changement décidé en mars ne pouvait pas être appliqué en raison du dépassement des délais légaux pour l’assemblée générale.
Toutefois, un Conseil consultatif présidé par l’ancien président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, en a décidé autrement. Un paradoxe entoure les raisons de ce choix. D’un côté, la Banque Africaine d’import-export (Afreximbank), déclare que cette délocalisation avait pour but de prolonger la durée de la Foire. D’un autre côté, Obasanjo explique le choix par la nécessité de « tirer pleinement parti de la Foire ». Il a d’ailleurs déclaré : « L’IATF 2021 est un évènement important. Il participera dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange (Zlecaf), dont les échanges commerciaux ont débuté cette année ».
Obasanjo médiateur entre le M23 ( RCD et CNDP) et la
République est mandaté pour demander l’inclusion du Rwanda dans cette affaire d’état d’urgence militaire, la protection des tutsis et dans le commandement qui va planifier les opérations à l’Est . @JeanmarcKabunda pic.twitter.com/9JJdnKByOZ— Brunel Mabanza (@BrunelMabanza) May 4, 2021
Changement de programme, pas d’IATF au Rwanda
La première édition de l’IATF, tenue au Caire, a effectivement participé à réseauter les entreprises investies dans la Zlecaf. La Zone de libre-échange, dont le secrétariat est installé au Ghana, est un projet ambitieux qui cherche à réunir les communautés économiques africaines. Surtout, la Zlecaf est supposée intégrer ces communautés à l’environnement commercial mondial.
Cependant, le lancement prématuré de la Zlecaf, et le retard dans l’établissement d’un cadre financier qui l’accompagne, a suscité plusieurs critiques. Si la Zlecaf est supposée libérer le commerce africain des contraintes de l’influence européenne. Les pays africains francophones, surtout ceux dont la monnaie est ancrée avec la France – à savoir la zone franc CFA et plusieurs autres pays – ont hésité à s’engager sérieusement.
Le contexte du lancement de la Zlecaf, et l’importance de l’Afreximbank dans sa mise en œuvre, demandait certaines concessions au Rwanda. Jusqu’à 2020, Paul Kagame suivait une ligne diplomatique inamicale vis-à-vis de la France. Ce paradigme a changé depuis quelques mois.
Pour les pays les plus motivés pour la promotion de la Zlecaf, et comptant énormément sur l’IATF pour rapprocher les parties prenantes, le Rwanda se montre assez hésitant. Actuellement, l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Egypte et l’Algérie font office de locomotives pour l’IATF. Outre l’édition de la Foire au Caire, les trois autres pays ont décidé de tenir un pavillon pays pérenne à l’IATF.
#Durban : nouvelle ville hôte de la deuxième foire commerciale intra-africaine (@iatf2021).#IATF2021 qui devait auparavant se tenir à #Kigali, au #Rwanda, du 8 au 14 décembre 2021, a été reprogrammée du 15 au 21 novembre 2021.
En savoir plus : https://t.co/5i4gulewn9 pic.twitter.com/3bdU1rNE57
— Afreximbank (@afreximbank) July 5, 2021
L’Afreximbank, une banque africaine aux financements chinois
Puis, l’Afreximbank représente aussi un axe financier particulier. Si cette institution brille ces dernières années parmi les autres banques africaines, c’est car elle jugule la majorité des investissement chinois. Depuis la visite de Xi Jinping à Kigali en 2018, le Rwanda faisait part de sa volonté d’intégrer cet axe financier. Cependant, le changement de la politique de Paul Kagame envers Alibaba, et sa récente réconciliation avec la France, ont compliqué ses relations avec la Chine.
En l’occurrence, la décision du Rwanda de lancer sa propre cryptomonnaie s’oppose nettement à l’expansion d’Alibaba. La Banque populaire de Chine (PBoC) compte énormément sur Alibaba pour promouvoir sa cryptomonnaie en Afrique. Le Rwanda a été le premier « hub » africain de l’entreprise chinoise de Jack Ma.
Donc, alors que le FMI soutient la cryptomonnaie rwandaise, ce qui est étrange, et que Kagame regarde de plus en plus vers les institutions occidentales pour financer ses projets de développement, l’Afreximbank décide de déplacer l’IATF 2021. Peut-on dire que le Rwanda est boycotté par l’Afreximbank ? Et, surtout, quel futur aurait le Rwanda au sein de la Zlecaf ?
Bi-lateral trade btw China and Africa in Goods & services has continued to grow with cross border E-comm platforms and payment solutions. How can you integrate globally. Join us on the 31st of May 1:00pm @AfCFTANG @AfCFTA @afreximbank @paystack @theflutterwave @JumiaNigeria pic.twitter.com/UXdqR2bJLH
— Okpozae Geoffrey (@OkpozaeG) May 28, 2021