Nnamdi Kanu est de retour au Nigéria depuis mardi, où il a comparu devant un juge. Sa mystérieuse arrestation est toutefois une victoire pour l’Etat nigérian, et surtout pour le président Muhammadu Buhari.
Le chef des Peuples Indigènes du Biafra (Ipob), Nnamadi Kanu, a été arrêté par Interpol dimanche 27 juin. Un grand mystère plane sur ‘endroit où il se trouvait. Cependant, une source proche du dossier affirme qu’il se trouvait en Ethiopie. La presse internationale affirme qu’il se trouvait au Kenya. Interpol l’a arrêté et mis à bord d’un avion en direction d’Abuja lundi. A peine atterri, il a comparu devant un juge, et a été chargé, probablement de crimes terroristes, entre autres. Son audience a été ajournée au 26 juillet.
Le ministre de la Justice et procureur général du Nigéria, Abubakar Malami, a annoncé la nouvelle. Il a affirmé que Kanu a été intercepté « grâce à la collaboration internationale et aux services de renseignement nigérians ».
Un avocat du front indépendantiste du Biafra, Ifeanyi Ejiofor, a appelé à un procès équitable. Toutefois, la cause de Kanu serait très difficile à défendre. Le chef de l’Ipob avait déjà fui la justice nigériane en 2017. Deux ans après sa mise en examen pour association de malfaiteurs et appartenance à une organisation illégale, il a demandé la libération sous caution. Nnamdi Kanu a fui le pays ensuite. Au début, il s’est dirigé vers Israël, il aurait été vu au Cameroun en 2018, en Grande-Bretagne en 2019, et il a disparu à nouveau depuis. Son arrestation en Ethiopie ferait aussi partie d’un nouveau contexte hostile entre Addis-Abeba et Tel Aviv. S’il se trouvait effectivement au Kenya, ce serait un pas vers de meilleures relations entre Kenyatta et Buhari.
Northern leaders want the federal government to be cautious of how it handles Nnamdi Kanu's case.
According to the leaders, Kanu has active international collaborations with foreign arms dealers. 😁
— Xpsilver🍥 (@Xpsilver1) June 30, 2021
Nnamdi Kanu, un élément dangereux de moins au Nigéria
Pour rappel, Kanu a été à l’origine de l’escalade de la violence dans le Sud-Est nigérian. Il avait multiplié les appels à la violence sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, l’encouragement actif du directeur de Twitter Jack Dorsey de la cause biafraise a causé une crise entre le Nigéria et Twitter. Après un tweet où le président Muhammadu Buhari accuse l’Ipob de provoquer une guerre civile, Twitter a annoncé qu’il suspendrait le compte de Buhari. Ensuite, Buhari a bloqué Twitter au Nigéria.
Kanu avait multiplié les appels à la violence pendant les mois passés. Et une crise profonde oppose les indépendantistes du Biafra au gouvernement fédéral. Cette crise est devenue violente depuis au moins trois ans. Un grand nombre d’agents de police et de militaires ont été tués au Biafra, et de nombreux bâtiments ont été incendiés. Aussi, l’Ipob aurait organisé une fuite massive d’une prison de haute sécurité dans la région.
La branche armée de l’Ipob, l’ESN, revendique une obédience totale à Nnamdi Kanu. Et avec les attentats meurtriers de l’ESN et les crimes des sympathisants de Kanu au sein de l’Ipob, le chef du groupe ne pourrait pas espérer une libération sous caution, cette fois. Pour les accusations passées dont il faisait l’objet, ainsi que les nouvelles charges, il risque la perpétuité.
Pour le président Muhammadu Buhari, il s’agit d’une arrestation importante. Qui se rajoute à la mort du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau. Réduisant ainsi le nombre des commandants majeurs des groupes armés au Nigéria de sept à cinq. Bien que Buhari ait investi surtout dans la diplomatie africaine et le développement national ces dernières semaines, le contexte politico-sécuritaire commence enfin à sourire au chef d’Etat nigérian.
If anything happens to Nnamdi Kanu Nigeria will burn down, FG should learn from the case of Abubakar Shekau. Boko Haram was peaceful until FG killed their leader. pic.twitter.com/jQgjBErM1p
— Uche Ezeonye Official (@uche_ezeonye) June 30, 2021