L’ancien président de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, a été arrêté ce mardi vers 20 heures, après de longues semaines d’assignation à résidence, des fouilles et des accusations.
Hier, pendant la soirée, des policiers se sont présentés au domicile de Mohamed Ould Abdel Aziz. Ils ont conduit l’ancien président devant un juge du pôle de lutte contre la corruption. Où ledit juge a annoncé à Abdel Aziz qu’il sera placé en détention.
Depuis le début de 2020, et l’annonce de l’ancien président de son retour à la vie politique, une commission parlementaire a été créée. Le rôle de cette dernière était de vérifier la gestion de l’Etat durant les deux mandats d’Abdel Aziz. En juillet 2020, la commission a présenté un rapport de 800 pages. Accusant Abdel Aziz de détournement de fonds, de blanchiment d’argent et d’autres prétendues exactions. De nombreuses fouilles ont été ordonnées sur le domicile de l’ancien président et de ses proches. Toutefois, aucune preuve n’a été trouvée, de même lorsque ses comptes bancaires ont été audités.
Selon Mohamed Ould Abdel Aziz, les travaux de la commission étaient destinés à « lui faire payer le fait de vouloir exister en tant qu’homme politique ». Il a toutefois été inculpé en mars 2021 et assigné à résidence le 11 mai. De nombreux avocats se sont mobilisés pour le défendre. En l’occurrence Mohameden Ould Ichidou, un des principaux opposants de Mohamed Ould Abdel Aziz durant sa décennie au pouvoir.
#Mauritanie: L'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz (qui a dirigé le pays de 2008 à 2019) a été arrêté et renvoyé dans une prison spéciale de la capitale Nouakchott. Il a été inculpé pour corruption, détournement de biens publics et blanchiment d’argent. pic.twitter.com/ALAjgZRtWd
— Jean-Claude Maswana (@JCMaswana) June 22, 2021
Mohamed Ould Abdel Aziz, victime d’une machination ?
Selon Ould Ichidou, la décision de détention de l’ancien président « viole toutes les lois de la procédure pénale ». En effet, les crimes financiers imputés à l’ancien président devaient être prouvée par la commission l’accusant. Or, outre des suppositions, aucune preuve ne figure sur le rapport de juillet dernier. On y lit que 97 millions de dollars auraient été détournés par Abdel Aziz et ses proches.
Toutefois, l’audit des comptes bancaires n’a rien donné. La fouille de la demeure d’Abdel Aziz, qui devait démontrer sa possession de grosses sommes d’argent en liquide, des barres d’or et des artefacts, n’a pas été concluante non plus. L’ancien président avait alors déclaré : « On n’a jamais trouvé 65 kilos d’or chez moi, encore moins 100 milliards de FCFA».
Néanmoins, la justice s’acharne à faire progresser la procédure pénale contre Abdel Aziz. L’ancien président avait assuré la victoire de son dauphin et actuel président Mohamed Ould Ghazouani, avant de quitter le pouvoir. Cependant, l’amitié des deux hommes s’est effritée au moment où Abdel Aziz a rejoint le parti d’opposition Ribat national.
L’ancien président avait aussi cédé le pouvoir sous la pression internationale. En effet, la France avait mené une charge diplomatique contre Abdel Aziz lorsqu’il a refusé de contribuer des troupes auprès de Sevral en 2014. L’ONU n’a pas tardé à multiplié les rapports sur la situation des populations peules et wolofs, accusant l’Etat d’autoriser la maltraitance des minorités. Abdel Aziz s’est donc retiré, permettant à Ould Ghazouani de devenir président. Toutefois, Ould Ghazouani a directement tourné le dos à son compagnon historique. Reprenant la direction du parti, et ordonnant la formation de la commission de juillet 2020. La Mauritanie serait-elle devenue un pays de droit pendant ces derniers mois, ou est-ce que Abdel Aziz est réellement victime d’une machination politique ?