Après la démission de Firmin Ngrebada et de son gouvernement, le président Touadéra a nommé, vendredi soir, Henri Marie Dondra en tant que Premier ministre. Que signifie ce choix ?
Le gouvernement centrafricain a remis sa démission le 10 juin. Depuis, c’est la porte ouverte à toutes les présomptions dans les médias. Crise politique, relations avec les insurgés, etc. Toutefois, autant la démission du gouvernement de Ngrebada était prévisible, autant le président Touadéra ne s’est pas fait attendre. En effet, selon un communiqué de la présidence, dans la soirée du vendredi, Henri Marie Dondra assumera le poste de Premier ministre.
Ngrebada ne sera pas reconduit à la primature, donc. De quoi éveiller davantage de soupçons. Cependant, la nomination de Dondra traduit une volonté politique du président. En effet, Faustin-Archange Touadéra a d’autres priorités. En l’occurrence, repeupler les territoires du Nord que les FACA ont repris aux troupes de François Bozizé et de Ali Darassa. Ensuite, l’Etat doit revendiquer une présence non-militaire dans ces régions. Puis, le pays traverse, indubitablement, une crise financière et socio-économique.
Le nouveau Premier ministre, Henri Marie Dondra, a été ministre des Finances et du Budget depuis 2016. Il fait partie des proches du président, comme ces prédécesseurs à la primature. Dondra présentait d’ailleurs un bilan très positif avant l’intensification des violences en décembre 2020. Les recettes publiques centrafricaines avaient effectivement signalé une hausse de croissance. Entre 2013 et début 2020, la croissance du PIB est estimée de -34 % à 4,3 %.
Le président Faustin-Archange Touadéra choisit donc un nouveau profil à la primature. De Sarandji l’intellectuel, à Ngrebada le juriste, il a opté cette fois pour un spécialiste de l’économie. Dondra serait aussi assez influent dans les instances financières africaines.
🇨🇫Toutes Mes Félicitations au Nouveau Premier Ministre centrafricain Henri-Marie Dondra dit HMD pic.twitter.com/72TbgVYMud
— Fenelon MASSALA (@rfemassala) June 11, 2021
Henri Marie Dondra face aux nouveaux défis en RCA
Malgré que la République centrafricaine (RCA) dispose de sous-sols parmi les plus riches d’Afrique, son économie ne repose pas sur l’exploitation minière. En effet, les gisements d’or, de diamant, d’uranium, de cuivre et d’aluminium sont exploités artisanalement. D’un autre côté, ce contexte a résolu les problèmes de chômage pendant plusieurs années.
Toutefois, l’industrie pétrolière est moderne. Et à l’image de cette dernière, de nouveaux dispositifs miniers commencent à s’installer en RCA. Notamment dans le Sud, où des milliers des civils, qui s’étaient réfugiés à Bangui pendant les derniers mois, ont commencé à s’installer.
Actuellement, l’économie centrafricaine repose sur l’agriculture, jusqu’à 37% du PIB. Selon les données de la Banque Mondiale, l’exploitation minière commence à prendre davantage de place. Les prévisions sont donc raisonnablement bonnes pour les deux trimestres restants de 2021. Par conséquent, une génération de richesse s’en suivra, et il faudra la canaliser dans des projets de développement tous plus urgents les uns que les autres.
Ce serait donc là qu’intervient Henri Marie Dondra. La dette souveraine de la RCA plafonne à 1,2 milliards de dollars. Elle pesait lourdement sur le PIB à l’avènement de la guerre civile. Ce qui a modéré les attentes des bailleurs chinois et européens. Le rôle du nouveau Premier ministre serait donc bien différent de celui d’un ministre des Finances. Il incombera à Dondra d’attirer les investisseurs et les entrepreneurs et d’alimenter la concurrence pour démarrer les projets énergétiques, infrastructurels, industriels et agricoles au plus vite.
Actuellement, il y a tout à faire en RCA. La crise sécuritaire a mis un coup d’arrêt aux revendications sociales. C’est donc l’heure pour Touadéra et Dondra de montrer la capacité de l’Etat à gouverner. Dondra sera-t-il un bon partenaire ?