Candidats au Conseil de sécurité de l’ONU, le Gabon et la RDC ont discuté sans trouver d’accord. La République démocratique du Congo a fini par accepter de ne pas présenter sa candidature.
Sur les terrains de football, les oppositions entre la République démocratique du Congo et le Gabon ont tourné en faveur des Panthères gabonaises. Sur le terrain diplomatique, la RDC a également enregistré une défaite contre sa voisine. Certes, dans ses relations avec la France, le Gabon a perdu du terrain. Selon Africa Intelligence, Pacôme Moubelet, ministre gabonais des Affaires étrangères, est parti à la rencontre de son homologue russe, Sergueï Lavrov, le 27 mai dernier. Un message clair envoyé à Paris, à qui Libreville reproche de ne plus s’occuper du Gabon et de ne se concentrer, dans la région, que sur la RDC.
Alors, du côté de Libreville, on lance des bouteilles un peu partout, en espérant faire mouche. Si nouer des relations avec la Russie serait une véritable avancée diplomatique, ce sont les démarches pour adhérer au Commonwealth qui ont le plus de chances d’aboutir. Ali Bongo, président du Gabon, a fait de cette adhésion l’une de ses priorités. Et dans ce cas, Libreville s’éloignerait sans aucun doute définitivement de Paris.
Il faut dire que la France a elle-même décidé de tenir à l’écart les pays de la CEMAC lors de son sommet sur les économies africaines, le 18 mai à Paris. Le Gabon n’a pas été invité à participer à l’événement, pas plus que la République démocratique du Congo d’ailleurs. Paris avait préféré miser sur des pays anglophones, comme le Nigeria, le Rwanda ou l’Afrique du Sud, plutôt que sur ses partenaires historiques.
Le siège du Conseil de sécurité de l’ONU attise les tensions
Mais une autre bataille a fait rage en coulisse, dans laquelle Paris n’a rien à voir. Celle-ci, entre Libreville et Kinshasa, doit permettre de départager les deux pays qui souhaitent obtenir une place au Conseil de sécurité des Nations unies. Tout semblait pourtant bouclé pour que le siège de membre non permanent réservé à l’Afrique centrale pour la période 2022-2023 aille à Libreville. L’Union africaine soutient en effet la candidature du Gabon depuis la 38e session ordinaire du Conseil exécutif de l’instance, en février dernier.
Mais coup de théâtre, le 29 mai dernier, avec l’annonce de Félix Tshisekedi de ne pas retirer la candidature congolaise. La RDC avait sept jours pour dire son désaccord quant au choix de l’Union africaine, mais n’a en réalité entamé aucune procédure. Le président de l’UA avait décidé d’envoyer aux Etats-Unis, ces prochains jours, une équipe, composée de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et de la présidence, pour faire campagne pour la RDC, sous la houlette d’Atoki Ileka, le directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères, qui connaît bien les Nations unies puisqu’il en a été l’ambassadeur du Congo.
L’opération de lobbying n’aura finalement pas lieu. Alors que les discussions entre la RDC et le Gabon auraient bel et bien eu lieu, aucun consensus n’avait été trouvé. Kinshasa, qui avait déposé sa candidature en octobre 2019, avait donc décidé de battre campagne malgré le choix de l’UA en faveur du Gabon. Mais après une entrevue entre Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, et Félix Tshisekedi a eu lieu samedi dernier, après le sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Moussa Faki Mahamat aurait finalement convaincu le président de l’UA de renoncer au siège du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce que Félix Tshisekedi aurait finalement, selon Jeune Afrique, décidé d’accepter, pour garder intacte la réputation de l’institution qu’il préside et qui avait préféré le Gabon à la RDC.