L’Algérie, la voisine du Nord, fera front avec le Mali aux menaces qui entravent la transition, selon une prise de position du président Tebboune. Les deux pays partagent également une amitié de longue date.
« Il existe une volonté de saboter les accords d’Alger », a déclaré Abdelmadjid Tebboune. Le président algérien a fait savoir depuis quelques jours la position de son Etat vis-à-vis du dernier coup d’Etat au Mali. Dans un communiqué de la diplomatie algérienne, le gouvernement condamnait l’arrestation de Bah N’Daw et de Moctar Ouane, mais déclare son soutien aux autorités de transition maliennes.
A l’occasion d’une interview de Tebboune au média Le Point, certains détails ont été expliqués quant à ce soutien. En effet, une collaboration militaire unit le Mali à l’Algérie. De surcroît, l’Algérie avait médié le processus de paix au Mali entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et le gouvernement en 2015.
La CMA avait annoncé dernièrement son inquiétude de la discontinuité de l’Accord d’Alger sous le nouveau gouvernement. Toutefois, le président Assimi Goïta et le Premier ministre Choguel Maïga ont reçu une délégation du CMA hier. La crise a donc été évitée.
Depuis le début de la transition malienne en septembre 2020, l’Algérie a renforcé la paix entre la CMA et la junte malienne. Néanmoins, cette paix ne sera pas un vecteur pour la partition du Mali. Ainsi l’entendent à la fois Tebboune et Assimi Goïta, selon des déclarations des deux chefs d’Etat.
L’Algérie et le Mali, les alliés parfaits
Interrogé par les journalistes sur le possible retrait des forces françaises au Mali, Tebboune a précisé que l’intervention militaire n’est qu’une partie de la solution. Selon lui, la reconstruction du Mali ne passe pas uniquement par un programme de lutte antiterroriste. Il estime aussi que l’Algérie a le devoir d’aider ses voisins.
Selon le président algérien, le « G5 avait été créé pour contrer le Cemoc ». L’état-major qui regroupait l’Algérie, le Mali et d’autres pays africains, a longtemps été surplombé par le G5. Or le G5 agit sous le commandement de Takuba et Barkhane. Cependant, Tebboune estime aussi que le Cemoc était mieux doté que le G5, surtout au niveau des moyens.
Face au possible retrait de l’armée française, Tebboune promet un remplacement, en mieux. Selon lui, l’intervention militaire française n’a pas été efficace au Mali. Il a déclaré : « La solution n’est pas là. Pour régler le problème au Mali, il faut y redéployer l’Etat ».
En effet, Abdelmadjid Tebboune souligne les erreurs de la France dans la lutte antiterroriste au Mali. Barkhane ne collabore pas avec l’Etat malien. Et en arrivait même à informer le gouvernement de ses bombardements et raids à posteriori. Sauf que le gouvernement malien n’avait pas le temps de réinstaller les forces de l’Etat dans les zones libérées des terroristes.
De son côté, l’Algérie a réussi à imposer un accord de paix entre la CMA et Bamako en 2015. Elle a aussi appuyé la paix du cercle de Niono. Les forces armées algériennes opèrent aussi sur les frontières communes et avaient longtemps protégé le Mali d’une poussée d’Al-Qaïda, inconditionnellement. Avec le Mali qui a vu sa liste d’alliés diminuer depuis quelques jours, avoir un tel soutien d’un pays voisin serait un avantage.
#Tebboune dit: pas de solution au #Mali sans Algérie, la Cedeao n’a pas consulté L’Algérie, cette dernière n’a pas consulté la #Cédéao non plus. Il ajoute: le nord du Mali est le prolongement de l’Algérie, sans elle pas d’application des accords de paix. Le ton est dur en effet https://t.co/YFiijQOXaL
— Lemine OULD M. SALEM (@lemineoms) September 22, 2020