« Un pardon sincère n’attend pas d’excuses », écrivait l’auteure britannique Sara Paddison, qu’Emmanuel Macron et Paul Kagame ont semble-t-il lue. Au Rwanda, avant-hier, demande de pardon il y a bien eu de la part d’Emmanuel Macron, dans son discours prononcé au Mémorial du génocide contre les Tutsi. Le chef de l’Etat, venu de Paris pour rencontrer Kagame, a appelé « ceux qui ont traversé la nuit à nous faire le don de nous pardonner ». Comprenez la France. Pour les excuses, en revanche, il faudra repasser. Pendant près d’un quart d’heure, les Rwandais ont attendu du président français certains mots. Mais ceux-ci ont bien été pesés par Emmanuel Macron qui, donc, n’aura formulé ni excuses, ni aveu de culpabilité.
« Ses mots avaient plus de valeur que des excuses »
« Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots », disait Jaurès. Cela n’a pas semblé gêner Paul Kagame. Le président rwandais a d’ailleurs, en tentant de justifier cette absence d’excuses de la part de son homologue français, assuré que « ses mots avaient plus de valeur que des excuses ». Les familles de Tutsi victimes du génocide apprécieront. Si le discours d’Emmanuel Macron a parfois été touchant, les mots ont été pesés. Outre la non-formulation d’excuses, le président Macron a reconnu « l’ampleur » des « responsabilités » françaises entre 1990 et 1994, sans pour autant lâcher un quelconque aveu de culpabilité. Des mots qui vont dans le sens du rapport d’historiens remis au président français fin mars et qui dédouane autant que faire se peut la France.
L’Algérie et le Rwanda peuvent attendre longtemps
Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron fait amende honorable sans excuser l’attitude française. Alors simple candidat à la magistrature suprême, Emmanuel Macron s’était rendu en Algérie, début 2017. Il avait certes déclaré que la colonisation « est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et de ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes ». Mais quatre ans plus tard, ces excuses françaises se font toujours attendre et risquent de ne jamais arriver. Des excuses que le président français aurait très bien pu présenter pour cet autre crime contre l’humanité qu’est le génocide du Rwanda. Il aura préféré éviter ce qu’il considère certainement comme un aveu de faiblesse. Au grand désespoir des victimes d’un génocide que la France continue de minimiser, malgré les nombreuses preuves accablantes.