Les militaires maliens actuellement au pouvoir ont proposé au M5-RFP de gouverner le pays. Le mouvement d’opposition aurait donné son accord.
Le temps est-il venu pour Choguel Maïga de conduire les destinées du Mali ? Pressenti depuis plusieurs jours pour devenir le Premier ministre du pays, son nom pourrait être proposé dans les heures à venir. Car le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), qui a longtemps été tenu loin du processus de transition, qu’il jugeait trop militaire, aurait donné son accord pour prendre les rênes de la primature. Une information qui montre que le paysage politique malien change : le M5-RFP et les militaires dans une alliance de circonstance, cela représenterait une avancée certaine.
Pour rappel, le président Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane, ont été arrêté il y a près de trois jours. Alors qu’ils ont été placés en détention dans le camp de Kati, ces deux-là ne dirigent officiellement plus le Mali. En attendant, les militaires, conduits par le colonel Assimi Goïta, auraient proposé au M5-RFP de proposer rapidement un nom pour prendre le poste, désormais vacant, de Premier ministre.
Des sources locales indiquent que le M5-RFP a donné un accord de principe aux militaires, jugeant qu’il fallait désormais se placer à l’intérieur du système pour espérer une transition viable. Mais le mouvement d’opposition a cependant des exigences, qu’il a indiquées à Goïta. En effet, le M5-RFP s’était opposé à la formation du gouvernement proposé par Moctar Ouane. Il veut désormais que ses revendications soient prises en compte.
Parmi les points de discorde entre Ouane et le mouvement, la demande de la part du M5-RFP de réduire drastiquement le budget de fonctionnement de l’Etat et la lutte contre la corruption.
Les militaires semblent désormais compter sur le M5-RFP, dont les membres ont été convoqués dès les arrestations du président et du Premier ministre actées. Assimi Goïta, qui a remplacé Bah N’Daw au poste de président, a notamment rencontré Choguel Maïga. D’autres personnalités du mouvement étaient présentes, mais également d’autres militaires et ministres du précédent gouvernement.
La cohérence de Choguel Maïga remise en cause
Nul doute qu’il y a eu, lors de ce rendez-vous, des tractations concernant les postes ministériels. Car si le M5-RFP prend la tête du gouvernement, il tentera de démilitariser ce dernier et y placer des civils. Reste désormais au M5-RFP à proposer un nom. Mais le pari est risqué : la crise politique traversée par le Mali est profonde. Si Choguel Maïga nourrit de fortes ambitions personnelles, il sait qu’il sera difficile de se placer sur la durée.
D’autant, enfin, que plusieurs alliés du mouvement ont décidé de le quitter manu militari, à l’instar des formations politiques de Sy Kadiatou Sow et de Modibo Sidibé. La question de la légitimité de la démission de N’Daw et Ouane s’est posée en interne, et tous les militants ne sont pas d’accord, certains estimant qu’il s’agit là d’un coup d’Etat.
La cohérence de Choguel Maïga est remise en cause. Et le fait de discuter avec les militaires alors que le M5-RFP est contre ce même régime provoque de fortes dissensions au sein du mouvement. Pour l’ex-Conseil de transition, cependant, l’arrivée du M5-RFP à la tête du gouvernement est aujourd’hui la dernière chance du pouvoir en place de tenir. Car le Mali doit tenir face à une pression internationale de plus en plus forte et hostile.
Quant aux spécialistes de la politique malienne, ils estiment que le M5-RFP de Maïga est fidèle à sa réputation de discuter avec ses ennemis. Ils rappellent qu’après le coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keïta, le mouvement s’était rapproché des militaires pour agir politiquement. Si Choguel Maïga devient Premier ministre, nul doute qu’il devra rapidement rendre des comptes et obtenir des résultats probants.