Après les arrestations du président de la transition et de son Premier ministre au Mali, Choguel Maïga est le mieux placé pour devenir le Premier ministre du pays.
Comptant parmi les leaders du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), Choguel Maïga serait pressenti pour devenir Premier ministre. L’opposant d’Ibrahim Boubacar Keïta a pris de plus en plus d’ampleur depuis le coup d’Etat d’août 2020. En 2002, les observateurs étaient loin d’imaginer cela : candidat à l’élection présidentielle, il n’avait obtenu que 2,73 % des voix. Devenu ministre de l’Industrie et du Commerce, il a, treize ans plus tard, fait son retour au gouvernement en tant que ministre de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication.
Un parcours pour le moins classique. Mais tout bascule le 10 juillet 2020 : le M5-RFP organise alors une série de manifestations contre le président IBK. Maïga est finalement arrêté, avec plusieurs autres opposants. Le 13 juillet, ils seront relâchés. Mais Maïga devient rapidement célèbre lors de la démission forcée de Keïta.
Fer de lance de la contestation malienne
Avant de devenir une figure incontournable au Mali, Maïga a passé une dizaine d’années en URSS. Alors âgé de 19 ans, il y fait ses études pour devenir ingénieur, après avoir obtenu son diplôme à l’Institut des télécommunications de Moscou. A son retour au Mali, Choguel Maïga arrive sur la scène politique en solo, avant de devenir un soutien de Moussa Traoré. S’il collabore avec le président Keïta, il deviendra quelques années plus tard l’un de ses pires cauchemars. Si, en 2018, il est une nouvelle fois inoffensif dans les urnes — à peine 2,16 % des voix —, c’est dans la rue qu’il défiera IBK.
Après le coup d’Etat de 2020, il prend même la tête de la contestation contre la transition assurée par les militaires : alors que le chef de celle-ci, Bah N’Daw, et le colonel Assimi Goïta demandent la démission du gouvernement, le 14 mai dernier, Bah N’Daw renouvelle finalement sa confiance à son Premier ministre, Moctar Ouane. Choguel Maïga est alors un de ceux qui estiment que cette reconduction n’est pas possible.
S’il réclame depuis longtemps un transfert du pouvoir militaire vers les civils, le Conseil national de transition (CNT) reste, pour les mouvement d’opposition, illégitime et illégal. Mais Choguel Maïga n’est pas pour autant la solution préférée de cette opposition : il a, accuse-t-on au sein du M5, politisé le mouvement et l’a même pris en otage avec d’autres ambitieuses personnalités politiques.
Un ambitieux qui joue sa carte personnelle
Lors du remaniement ministériel de 2016, Choguel Maïga n’avait pas été reconduit à son poste de ministre. Dans les couloirs du pouvoir, il se dit que Maïga a toujours en travers de la gorge la trahison d’IBK. Et une revanche à prendre. Suffisant pour que ses ennemis l’accusent d’opportunisme. Car tout au long de sa carrière, Choguel Maïga a joué sa carte personnelle autant qu’il a noué des alliances avec ses opposants, de Mountaga Tall à Amadou Toumani Touré, en passant par IBK.
Aujourd’hui, c’est avec l’imam Mahmoud Dicko, figure importante de la contestation, que les relations soufflent le chaud et le froid. Le responsable religieux en voudrait à Maïga, à cause de ses relations amicales avec ses ennemis. Dicko savait que, ces derniers jours, Maïga jouait sa carte personnelle en essayant d’intégrer le futur gouvernement. Mais dans l’entourage de Choguel Maïga, on assurait que ce dernier ne travaillerait jamais pour Moctar Ouane.
Pour Maïga, le choix était clair : il prendrait soit le poste de Premier ministre, soit resterait dans l’opposition, encore et toujours. L’arrestation du président de la transition et de son Premier ministre après l’annonce de la composition d’un gouvernement, qui sont toujours incarcérés au camp de Kati, a peut-être scellé le sort de Maïga. Ce dernier semble être un candidat de plus en plus crédible à la primature malienne.