Le chef des Janjawid darfouriens Ali Mohamed Ali Abdelrahman, alias Kusheib, avait été arrêté en juin 2020. Son procès a commencé hier devant la Cour Pénale Internationale (CPI).
Ali Abdelrahman Kusheib a écouté le greffier de la CPI en silence, ce lundi 24 mai. Le milicien, vêtu d’un costume sombre, n’a pas pris la parole alors qu’il était accusé de meurtre, torture et viol, entre autres.
Les procureurs de la Cour ont appelé Kusheib un « chef de milice craint et vénéré ». Ils l’ont accusé d’être derrière une campagne de raids meurtriers lors du conflit soudanais au Darfour. L’homme serait le commandant des Janjawid, la milice pro-gouvernementale au point culminant du conflit, entre 2003 et 2004. Les avocats d’Ali Abdelrahman ont fait valoir que la CPI se trompe de personne. Et que le dénommé Kusheib était une toute autre personne.
Les preuves montrent que…
La procureure en chef de la CPI, Fatou Bensouda, a déclaré lors de l’audience qu’elle prouverait l’implication de l’homme dans plus de 300 meurtres. Selon Bensouda, Ali Abdelrahman aurait aussi forcé 40 000 civils de l’ethnie fur à quitter leurs maisons. Elle a déclaré : « Les preuves montrent que monsieur Abdelrahman était un auteur conscient et volontaire de ces crimes », a-t-elle dit. Avant de rajouter : « Craint et vénéré à parts égales en tant que guerrier. Il était un haut dirigeant de la tristement célèbre milice Janjawid dans les localités de Wadi Salih et Mukjar ».
Le conflit au Darfour a éclaté en 2003. Lorsque des rebelles ont pris les armes contre le gouvernement soudanais, l’accusant de négliger la région aride de l’Ouest. Khartoum a mobilisé principalement des milices pour écraser la révolte, déclenchant une vague de violence que Washington a qualifiée de génocide.
Abdelrahman a été arrêté en juin de l’année dernière. Il est le premier suspect à être jugé par le tribunal international sur le conflit de Darfour. Il avait été brièvement détenu en 2006, avant d’être relâché par les autorités. En 2020, il a été arrêté en République centrafricaine (RCA).
Le Soudan n’est pas un Etat membre à la Cour, mais la situation au Darfour a été renvoyée devant le tribunal de La Haye par l’ONU en 2005. L’avocat de la défense Cyril Laucci a déclaré qu’il avait l’intention de contester la compétence de la CPI sur les crimes commis au Darfour en raison de problèmes avec la saisine de l’ONU.
#AliKosheib, chef des milices Janjawid recherché depuis 2007 par la @CourPenaleInt, est arrêté à #Birao, remis aux autorités judiciaires avant d'être transféré à la @CourPenaleInt. Il est accusé de près 50 chefs d'accusations commises à #Darfour pic.twitter.com/gG0ibip3oL
— Franck Ahmed Dhaffane (@Dhaffane_ahmed) June 10, 2020
Les putschistes, les miliciens et les instances internationales
L’ancien président soudanais Omar Hassan Ahmed el-Bechir fait face à des accusations de la CPI pour orchestration de génocide au Darfour. Il a été destitué en 2019 et est toujours en prison à Khartoum.
Selon plusieurs analystes, el-Bechir aurait perdu le soutien américain à cause de son hostilité à Israël. Tant et si bien que les pays occidentaux ont levé les sanctions sur les putschistes au bout de quelques mois du coup d’Etat qui a mis fin à son règne.
Son successeur, Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan, n’était plus considéré un putschiste après 9 mois du coup d’Etat. Son seul acte diplomatique majeur a été de normaliser les relations soudanaises avec l’entité sioniste. Lors du Sommet de Paris sur les économies africaines du 18 mai 2021, Macron a promis d’alléger la dette soudanaise de 5 milliards de dollars. Une décision plus que curieuse, qui a suscité des critiques.
Le début du procès d’Ali Abdelrahman s’inscrirait, selon plusieurs sources, dans ce contexte. Les instances internationales, financières au départ, et judiciaires ensuite, favorisent le souverain du Soudan. Cela n’est pas sans rappeler les évènements en Côte d’Ivoire. Ceux qui y dérangeaient les intérêts français, comme l’ex-président ivoirien Gbagbo, peuvent passer une décennie dans une prison néerlandaise. Et y sont amenés de force, par une équipe de commandos française. Quant à la Cour, elle aurait démontré qu’elle n’était intéressée par les crimes que lorsqu’ils sont commis par des Africains.
@zagbla
J'espère que la mauvaise foi de l'actuel pouvoir dominé et écrasé par DAO/ADO sortira de sa rancoeur, de sa haine et réparera le complot fomenté par ADO, la France au travers de M. Sarkozy, l'UE, la CPI, car MM. Blé Goudé et Laurent Gbagbo ont été floués et volés https://t.co/XYGhyzqMLE— Dr Akassi Kanga (@AkassiKanga) May 21, 2021