Alors qu’Ali Bongo Ondimba apparente le Gabon au Commonwealth, la banque française BNP Paribas est mise en examen pour son implication dans le volet gabonais de l’affaire des « biens mal acquis ».
Un juge du pôle financier du Tribunal de Paris a mis en examen la plus grande banque française, BNP Paribas, le 11 mai. L’information, révélée le 20 mai par l’AFP, arrive à point nommé. En effet, l’absence d’Ali Bongo au Sommet de Paris a soulevé quelques questions. Le fait est, depuis 2009, le président gabonais cherche à intégrer l’organisation britannique du Commonwealth. Cela reviendrait à snober la France sur le plan économique.
Après avoir officiellement présenté la candidature du Gabon à l’organisation, Bongo s’est déplacé au Royaume-Uni. Il s’agit d’un des rares déplacements du président qui, depuis son AVC, n’a pas été très mobile. Ali Bongo a rencontré Boris Johnson. Le Premier ministre britannique est favorable à la candidature gabonaise. L’entrée du Gabon au Commonwealth devrait donc très prochainement être officielle.
En guise de réponse à cet « affront », hasard ou non du calendrier, la justice française a donc fait parler de l’affaire des « biens mal acquis ». Plus particulièrement, des accusations de corruption et de blanchiment d’argent, entre autres, concernant Omar Bongo, le père du président gabonais. Selon le parquet parisien, la famille Bongo aurait détourné des fonds publics, à travers une société privée. Ces fonds auraient été dépensés en acquisitions de biens immobiliers en France, et la banque française PNB Paribas serait au centre des flux financiers.
#Gabon c'est tellement humiliant que ceux qui participent à ça payeront le prix fort. Bravo @EmmanuelMacron @JY_LeDrian @francediplo voici le Sanguinaire "Ali Bongo"😬 @EELV @libe @Survie @brett_l_carter @DailyMirror @JosepBorrellF @BorisJohnson OMG STOP! AWFUL and Ridiculous😬 pic.twitter.com/YpOfdIaqA8
— John LIBRE 🇬🇦🇨🇵💥🎯🎤 (@Cosa76) May 20, 2021
Les péchés du père
Le juge a donc mis en examen la banque PNB Paribas pour son implication dans la canalisation de ces fonds. Les acquisitions qui « auraient dû alerter la banque » selon les enquêteurs seraient passés par l’utilisation systématique de chèques de cette même banque. Un fait qui, faut-il le souligner, aurait échappé à la justice française, incroyablement perspicace, pendant des années.
L’enquête concernant Omar Bongo a commencé en 2010. Aucun membre de la famille présidentielle n’a été inculpé à ce jour. Et si une relation de parenté entre les deux présidents successifs du Gabon existe, rien ne prouve que les supposés péchés du père incombent au fils. Toutefois, les faits concernent plusieurs membres de la famille. De plus, la présidence qui est passée de père en fils confirme les méthodes monarchiques des Bongo.
Quoi qu’il en soit, la société au centre de la connexion avec PNB Paribas serait Atelier74. La compagnie gérée par Vincent Bergues, un ressortissant français. Elle est aussi installée en France. Son domaine d’activité est la promotion immobilière. Les fonds prétendument détournés seraient passés par la filiale gabonaise de la firme Atelier74. A l’origine des dépôts de fonds, la presse française parle de « proches de la famille Bongo ». Il n’y a aucune précision quant à l’implication directe des membres de la famille d’Omar Bongo.
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La BNP Parisbas a été mise en examen pour « blanchiment de corruption et de détournement de fonds publics » dans le volet gabonais de l’affaire des « biens mal acquis »Le rôle des banques dans la criminalité économique ne peut plus être ignoré !https://t.co/aVneI8GVvy
— Sherpa (@Asso_Sherpa) May 21, 2021
Les biens mal acquis, une affaire politique ?
Toutefois, l’affaire est bien politique. Sa remontée à la une des journaux, dans le contexte actuel, prouve deux choses. La première, est la focalisation de l’affaire sur les dirigeants africains. La seconde serait l’utilisation directe et ignominieuse de la justice pour la machination médiatique des politiciens. Qui serait bien plus digeste si le contexte n’était pas la promotion de la politique néocolonialiste de la Françafrique.
Décidément, les « biens mal acquis » seraient un instrument français qui agit en temps et en heure. Si la justice française servait les intérêts africains, elle aurait restitué ces biens aux peuples. Surtout que dans certains pays, les despotes accusés ne sont plus chefs d’Etats. Ou ne sont plus tout court, dans le cas de Ben Ali, de Kadhafi et de Moubarak.
Enfin, si les tribunaux français étaient indépendants, ils auraient traité des détournements de fonds plus flagrants. En guise d’exemple, le prince hériter d’Arabie saoudite. Mohammed ben Salmane (MBS) a dépensé des milliards en France, directement prélevés à l’Etat. Pourtant, l’Arabie saoudite est toujours considérée une alliée de la France. Et MBS, jusqu’à ce que ses biens soient considérés mal acquis par la justice française, seraient légitimes, si on en croit les médias. Faut-il s’attendre à ce que chaque chef d’Etat africain soit à nouveau accusé par les tribunaux français, à chaque fois qu’il prend des décisions ? Il semblerait que ce soit le cas pour le Gabon. Et que ce serait le cas pour chaque souverain africain qui essaye d’extirper son pays du néocolonialisme français.
En séjour à #Londres, le président Ali #Bongo s'est entretenu ce jeudi avec le Premier ministre #britannique, @BorisJohnson. Ce dernier a adressé ses encouragements au n°1 gabonais pour l'adhésion de son pays au #Commonwealth. Une candidature que le conservateur semble soutenir. pic.twitter.com/Rc0Jt3TeJC
— Enjeux africains (@Enjeuxafricains) May 20, 2021