A la suite d’une réunion du Haut conseil de sécurité (HCS), présidé par Abdelmadjid Tebboune, le Mouvement kabyle MAK et le parti islamiste Rachad ont été classés comme « organisations terroristes ».
Dans la soirée du 18 mai, une réunion du HCS algérien, présidé par le chef d’Etat Abdelmadjid Tebboune, a donné lieu à une surprise de taille. En effet, après l’accusation du MAK d’actes terroristes de la part du gouvernement, le mouvement, ainsi qu’un parti politique, ont été classés comme organisation terroristes par l’Etat.
Les organisations terroristes, une tradition politique
Le 29 avril, le ministère de Défense algérien avait ouvertement accusé le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) de terrorisme. Le mouvement indépendantiste avait alors accusé le conseil militaire de conspirer pour l’éjecter des prochaines élections. En effet, le MAK est maintenant officiellement une organisation terroriste.
Les accusations du gouvernement algérien et du HCS avaient aussi visé le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Or, le MSP ne serait pas le premier parti islamiste lésé par les actions du gouvernement. En effet, le mouvement Rachad, qui a été longtemps opposé à l’ex-président Bouteflika et au HCS, a aussi été classé comme organisation terroriste.
Ces manœuvres du gouvernement algérien rappellent celles adoptées ailleurs en Afrique. Où des gouvernement ont accusé des partis politiques de terrorisme. Ennahdha en Tunisie, le PJD au Maroc, le PLJ égyptien etc. Certains de ces partis ont été persécutés, exilés et leurs militants arrêtés, torturés ou simplement tués. D’autres mouvements, en Afrique subsaharienne, connaissent les mêmes traitements, à l’image des ADF ougandais, le mouvement s’étant converti au terrorisme au Mozambique et en RDC. Même si, pour ces derniers, il s’agirait d’un mouvement d’obédience catholique.
Le mois dernier, le pouvoir à Alger avait accusé Rachad d’être financé par la Turquie. Ce que l’ambassade turque en Algérie avait réfuté catégoriquement. Selon un communiqué de l’ambassadeur, il s’agirait de « propagande mensongère et de fausses rumeurs ».
Ça commence avec le MAK, mouvement extrémiste, avec l'aide de forces étrangères, sous couvert du Hirak bla bla bla pic.twitter.com/eyKNitB3E7
— أبا الحكم الافريقي (@Hakim2th) May 17, 2021
Que signifie le classement du MAK et Rachad comme organisations terroristes ?
En ce qui concerne le MAK, les relations du mouvement avec le pouvoir central ont été tendus depuis toujours. Effectivement, l’hostilité envers les Kabyles aurait probablement des racines plus profondes. En raison des nombreux appels à la création d’un Etat kabyle indépendant, entre autres. Le MAK a été présent depuis le début du mouvement populaire du Hirak. Et a participé activement à la chute de Bouteflika. Il faisait aussi partie des mouvements d’opposition favoris pour les prochaines élections législatives.
Néanmoins, le ministère algérien de la Défense nationale a accusé le MAK d’avoir fomenté « une dangereuse conspiration ciblant le pays ». La réunion du mardi a aussi confirmé certains doutes. Le MDN avait imputé une saisie d’armes et d’explosifs fin mars, bien qu’à mi- mot, au mouvement kabyle. C’est sur la base de ces allégations que le MAK a été classé comme mouvement terroriste. Le gouvernement n’a cependant prouvé aucune relation entre les personnes arrêtées et le MAK.
Quant au Rachad, le HCS a déclaré : « ce mouvement a commis des actes hostiles et subversifs dans le but de déstabiliser le pays ». Avant de rajouter : « on a décidé, dans ce cadre, de le classer sur la liste d’organisations terroristes et de le traiter comme tel ».
De lourdes conséquences suivront ces décisions incendiaires. D’un côté, les membres des deux mouvements font partie des dizaines de milliers d’algériens qui manifestent toutes les semaines. Le gouvernement pourrait alors réprimer le Hirak davantage sous prétexte de promouvoir le terrorisme. Quant aux élections législatives, outre l’exclusion des deux tiers des partis politiques par l’Autorité des élections (ANIE), plus d’acteurs politiques seront exclus conformément à la loi électorale. A savoir Rachad et le MAK.
Ils excluent rachad et donnent l aucasion au mak de entrer en action de terrorisme après l arrestation de mhani (je pense) est une scène bien préparer où tous les facteurs sont présent l'acteur principale et le secondaire ,action de vengeances ça sera un drame
— Kadik Berkan (@BerkanKadik) May 18, 2021