Alors que l’Europe envisage la création d’un passeport vaccinal, l’Union africaine estime que les Africains seront discriminés à cause de la lenteur des campagnes de vaccination.
Les compagnies aériennes françaises et européennes ont les yeux rivés sur le mois de juin. Aux alentours du 20 juin prochain, en effet, le lancement d’un passeport vaccinal devrait permettre la reprise des déplacements des individus. Le passeport en question doit permettre de montrer patte blanche aux frontières : le vaccin contre la Covid-19 effectué, les voyageurs pourront alors se rendre en France, en Belgique et dans les autres Etats de l’Union européenne. Problème, pour l’Afrique notamment, seuls les vaccins administrés avec des doses provenant de firmes pharmaceutiques occidentales sont concernés. Les personnes vaccinées avec les doses de Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca ou encore Johnson & Johnson seront donc prioritaires.
L’Union européenne a décidé d’exclure les vaccins russe et chinois. Les personnes vaccinées via le Spoutnik V ou Sinovac seront donc priées de présenter un test PCR négatif et de suivre les protocoles imposés par les différentes autorités gouvernementales des pays européens.
Lors d’une réunion extraordinaire, qui s’est déroulée le 15 avril dernier, les ministres du Transport aérien de l’Union africaine (UA) ont « appelé tous les pays des différentes régions du monde qui ont introduit ou sont en train d’instaurer des passeports vaccinaux comme condition préalable aux voyages internationaux, à s’abstenir de le faire, étant donné que jusqu’à présent le vaccin n’est pas disponible en quantité suffisante, comme l’a confirmé l’OMS, et que le continent africain compte encore un nombre considérable de ses citoyens qui n’ont pas encore reçu les vaccins ».
Si la présentation d’un test PCR négatif peut être envisagée, nul doute que ce passeport vaccinal européen sonne comme un outil discriminant vis-à-vis des Africains. Tout d’abord à cause de la lenteur des campagnes de vaccination, ralentie par l’Inde. De plus, les pays africains, face à l’arrêt des exportations de doses indiennes, se sont largement tournés vers les vaccins russe et chinois, qui ne seront pas acceptés sur le futur document.
L’Union européenne a pris là une décision étonnante, contre l’avis de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et du comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui demandaient aux pays qui l’envisageaient de « ne pas exiger de preuve de vaccination comme condition d’entrée » pour les voyageurs internationaux. Et ce, notamment à cause des « preuves limitées (bien que croissantes) concernant la performance des vaccins sur la réduction de la transmission et étant donné l’inégalité persistante en matière de distribution mondiale des vaccins ».
« Les Etats parties sont vivement encouragés à reconnaître que l’exigence d’une preuve de vaccination peut aggraver les inégalités et favoriser une liberté de circulation différenciée », expliquait alors l’OMS, que l’UE n’a donc pas voulu écouter.