Le Gabon tente d’adhérer au Commonwealth. Depuis plus de dix ans, le président Ali Bongo a entamé des démarches dans ce sens.
Alors que le 18e sommet de la francophonie se déroulera, fin novembre prochain, à Djerba en Tunisie, un pays africain semble de plus en plus tenté par un virage anglophone. Le Gabon serait en effet sur le point de couper ses liens avec Paris.
En octobre 2012, le président gabonais Ali Bongo s’était rendu au Rwanda. Pourtant allié privilégié de la France, le chef de l’Etat voulait notamment « regarder de près l’expérience rwandaise dans l’introduction du bilinguisme », avait déclaré le porte-parole de la présidence Alain-Claude Bilie-By-Nze lors d’une conférence de presse. Au Rwanda, 20 % de la population parle une langue étrangère. Il était alors question d’introduire l’anglais comme seconde langue officielle du Gabon. « Le Rwanda avant était un pays francophone faisant partie de la Francophonie, continuait le porte-parole. Il fait partie aujourd’hui des deux communautés: Francophonie et Commonwealth. Le chef de l’Etat gabonais entend introduire l’anglais dans notre pays ».
A son retour du Rwanda, Ali Bongo avait tenté d’éteindre la polémique. « Tout ceci est ridicule, je dis bien ridicule. Il y a des problèmes beaucoup plus graves aujourd’hui auxquels nous avons à faire face que de perdre notre temps à polémiquer sur une question comme celle-là, qui est tout simplement ridicule. En fin de compte, je qualifierais tout ceci de tempête dans un verre d’eau », avait assuré le chef de l’Etat. Depuis fin 2012, Bongo continue donc ses négociations dans le plus grand secret. Mais sans pour autant perdre de vue son objectif d’introduire l’anglais au Gabon.
Diversifier les partenariats économiques
Et neuf ans plus tard, Ali Bongo ne semble pas loin de réaliser son rêve anglophone : le Gabon a en effet introduit une demande d’adhésion au Commonwealth. Créée en 1949, l’organisation regroupe les anciennes colonies britanniques, mais a accepté les adhésions du Mozambique et du Rwanda en 1995 et en 2009. Le pays d’Ali Bongo pourrait donc être le troisième pays non anglophone à intégrer le Commonwealth.
Une simple question de langue ? Pas vraiment. Cette adhésion permettrait de « diversifier nos partenariats et dynamiser nos perspectives de développement », explique le coordinateur général des Affaires présidentielles et fils du président Noureddin Bongo.
Le 11 mai dernier, de son côté, le président a rencontré la secrétaire générale du Commonwealth, la baronne Patricia Scotland, « en vue de l’adhésion du Gabon au Commonwealth », a écrit le président, qui estime que« ce serait pour notre pays un apport historique ! » Ali Bongo affirme que « cette volonté commune pourrait se concrétiser dès le prochain Sommet du Commonwealth à Kigali ».
Reste notamment à régler quelques questions. Car les instances dirigeants du Commonwealth doivent s’assurer que la candidature gabonaise respecte les critères en matière de droits humains et de démocratie.