Dans la soirée du mercredi, le président du Congo, Denis Sassou N’Guesso a nommé le nouveau Premier ministre. Anatole Collinet Makosso remplacera donc Clément Mouamba. Une nomination pleine de promesses.
A peine quelques jours après la démission de Clément Mouamba, un nouveau Premier ministre prend sa place. Anatole Makosso formera donc le prochain gouvernement du Congo-Brazzaville. L’ex-ministre de la Jeunesse et de l’Instruction civique est très populaire dans le pays. L’homme de 56 ans, originaire de Pointe-Noire, contraste clairement avec son prédécesseur. Cette affectation est donc pleine de sens.
De prime abord, la désignation de Mouamba en 2016 est intervenue dans le contexte du début de la récession. La crise de la chute des cours du pétrole avait grandement freiné le développement du Congo. Somme toute, l’économie du Congo s’en était relativement bien sortie. En marge de la campagne pour l’élection présidentielle, le président Sassou N’Guesso a inauguré plusieurs projets d’envergure. Certes, les deux nouveaux hôpitaux, le siège du port de Pointe-Noire et les projets de développement d’énergie n’auraient été possibles que grâce à l’investissement privé. Toutefois, les politiques économique et financière congolaises ont marqué quelques succès. Clément Mouamba partirait donc sur un bon bilan.
Néanmoins, la désignation du nouveau Premier ministre, au profil très diffèrent, insinue un changement de priorités pour le gouvernement congolais. D’économiste à intellectuel, la donne change. Denis Sassou N’Guesso miserait-il sur l’éducation ?
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Agriculture et éducation, les nouveaux défis du gouvernement congolais
Anatole Collinet Makosso est issu de la communauté académique congolaise. Pendant son quinquennat au ministère de la Jeunesse et de l’Instruction, le Congo a connu un boom dans ces secteurs. Un nouveau système éducatif a été adopté. Et une université a été inaugurée, entre autres.
Or, le Congo compte 45% de la population à moins de 15 ans d’âge. La crise du chômage, couplée aux contraintes sanitaires des derniers mois, doit être résolue. Dans son programme électoral, le président Denis Sassou N’Guesso avait réservé le plus large volet pour la formation et l’éducation. La seconde partie plus importante est l’agriculture. Le lien de cause à effet serait facilement démontrable. Le Congo importerait, selon l’ONU, plus de 70% de ses besoins nutritionnels.
Bien que de petits progrès soient notables dans ce secteur, le pays est encore loin du compte. Toutefois, l’investissement dans l’agriculture et les ressources humaines fera d’une pierre duex coups pour N’Guesso. Le Congo est doté de terres fertiles, et est en manque de personnel agricole qualifié. Miser sur la formation professionnelle dans le domaine serait donc la bonne démarche à entreprendre selon les analystes.
D’un autre côté, avec une population si jeune, investir dans l’éducation est inévitable. Ce serait là qu’interviendrait Makosso. Si le Congo souffre de problèmes sociaux, ils ne sont pas si différents de ceux des autres nations d’Afrique centrale. La déscolarisation contre l’alphabétisation est en effet une lutte d’Etat pour un gouvernement qui cherche la décentralisation.
Quant à l’opinion publique, Makosso est doté d’une réputation de « Mr propre ». Son nom n’a jamais été synonyme de malversations. Il serait aussi, selon certains médias, bien situé dans les hautes sphères politiques congolaises, ce qui lui conférerait sans doute une certaine efficacité.