La Namibie a sonné l’alarme face à une menace aux proportions et allusions cataclysmiques. Un essaim de criquets rouges a ravagé la quasi-totalité des pâturages et des terres agricoles. Dans une Namibie déjà détraquée par la sécheresse, ce phénomène menace le pays entier de famine.
Une troisième vague de criquets rouges migrateurs africains a semé le chaos en Namibie. L’essaim a détruit 719 000 hectares de pâturages dans 10 des 14 régions du pays. 1207 hectares de culture agricole ont aussi été ravagés, selon une annonce du ministère de l’Agriculture mardi.
Des dimensions apocalyptiques
L’espèce de criquet nomade, nomadacris septemfasciata, est typique de l’Afrique subsaharienne. L’insecte se reproduit de manière prolifique pendant les saisons sèches. Dès que la pluie tombe et que la végétation croit rapidement, comme à l’approche des moissons, les criquets attaquent. La dernière épidémie de criquets à ailes rouges en Namibie a eu lieu en décembre 2020. Elle a été contrecarrée grâce à la proactivité du gouvernement et la disponibilité des pesticides.
Le dernier essaim qui a fait de gros dégâts en Afrique, bien que moindres, avait frappé l’Afrique de l’Est en janvier. L’essaim couvrant 2400 km² avait touché l’Ethiopie, la Somalie et le Kenya. Plus de 200 milliards de criquets avait été décomptés. Notamment, l’ampleur de l’attaque était la plus importante depuis 25 ans.
En Namibie, les dégâts de l’attaque récente n’ont jamais été vus. Pas depuis 56 ans en tout cas. C’est un réel problème de sécurité alimentaire auquel le pays fait face. Déjà depuis février, la Première ministre Saara Kuugongelwa avait annoncé que 350 000 personnes étaient menacées de famine à cause de la sécheresse.
Verser l’eau sur le sable
Le porte-parole du ministère de l’Agriculture, Chrispin Matongela, a déclaré que le gouvernement namibien n’a pas ménagé ses efforts. Selon Matongela, plus de 2 millions de dollars ont été dépensés pour se préparer à cette vague. Et bien que le mal soit déjà fait, une somme égale sera dépensée pour contenir l’essaim d’insectes destructeurs.
Néanmoins, la difficulté selon le gouvernement namibien n’est pas de combattre l’épidémie de son côté des frontières. La Gouverneure de Karas a affirmé à la télévision que la plupart des essaims arrivaient du Botswana et de la Zambie voisins. Les nuages seraient alors trop étendus pour être exterminés avant de semer la désolation sur leur passage. Confrontée avec la question d’une éventuelle entraide avec les pays voisins, Aletta Fredericks n’a pas répondu. « Contenir l’épidémie acridienne avec des pulvérisations aériennes est un défi. Les pesticides pourraient être nocifs pour les humains et les animaux. », a déclaré Chrispin Matongela à Reuters.
Des mois difficiles attendent la Namibie donc. Malgré les aides internationales, les dégâts sont trop importants pour être réparés. La famine guette les populations du pays, dont l’économie était déjà affaiblie par la récession et les contraintes de la crise de la Covid-19.