Pendant la soirée du jeudi 22 avril, le mouvement citoyen « le Congo n’est pas à vendre » (CNAPV) a publié un rapport sur l’affaire de l’israélien Dan Gertler. Le document accablant montre l’étendue des crimes de ce dernier.
Vers 22 heures de la soirée du jeudi, le mouvement congolais CNAPV, qui représente plusieurs ONG congolaises, a publié un rapport concernant l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. Le rapport traitait surtout de la tentative de l’homme d’affaire de se racheter auprès de l’opinion publique congolaise. « Yabiso » est un projet de redistribution des gains illicites amassés par les sociétés minières de Dan Gertler, lancé en novembre 2020.
Il semble cependant que même soumis aux sanctions internationales et au lynchage médiatique, l’appétit de gain de Dan Gertler ne soit toujours pas satisfait. L’initiative Yabiso était supposée redistribuer 30% des redevances versées à la société Metalkol à la population de Kolwezi. Yabiso a aussi contribué à légitimer la suspension des sanctions américaines à l’encontre du businessman israélien.
En RDC, les opinions divergeaient sur la sincérité de ce coup de com de Gertler. Cependant, le rapport de CNAPV a démontré que le partage de richesse annoncé par l’israélien ne porte que sur 7% des gains de sa mine de cobalt. De plus, l’argent versé incomberait aux gains de ses investisseurs congolais, et serait déduit des taxes de la société minière. Cette dernière assumerait en plus la responsabilité légale de tout crime économique. Un vide juridique accable le marché minier congolais. En somme, Gertler voulait s’immuniser aux yeux de la loi congolaise, en faisant payer ses investisseurs, et en gagnant encore plus d’argent !
Ce n’est pas moi, c’est lui
En 2006, Gertler avait racheté le contrat d’exploitation minière Metalkol à Gécamines, la société minière de l’Etat congolais. Cette dernière était en faillite et a cédé l’exploitation Metalkol à Gertler pour la modique somme de 55 millions de dollars. L’israélien avait tout de même fait déclarer 83 millions de prix d’achat. Sachant que le super-projet minier rapporte 20 millions de dollars par an, le prix était très bas.
En 2007, au nom de Metalkol, Dan Gertler a aussi repris les projets KCC et Mutanda, en vente directe de l’Etat. Cet achat sans appel d’offre était possible parce que Metalkol était une filiale de Gécamines. Ce qui constitue une gigantesque fraude, doublée de 100 millions de dollars versés en pots-de-vin au gouvernement de Joseph Kabila. Les charges de corruption ont été démontrées lors de l’affaire SwissLeaks, impliquant la banque britannique HSBC comme intermédiaire de ces flux douteux entre Gertler et des proches de Kabila.
Avec la reprise des trois projets miniers de cobalt seulement, Gertler commençait à gagner jusqu’à 200 000 dollars par jour à partir de 2009, selon le rapport CNAPV. Il a ensuite, entre 2015 et 2017, multiplié ses gains en revendant les droits d’exploitation de deux des mines à 700 millions de dollars.
Selon la loi congolaise, la responsabilité pour ces exactions retombe sur les directeurs de Gécamines, qui sont selon les activistes de CNAPV coupables par proxy. La même loi exclut la solidarité entre les associés dans ce cas précis, car la vente a été contractée entre deux entités appartenant à l’Etat.
Néanmoins, le rapport de CNAPV démontre que bien que le cadre juridique soit favorable à Gertler, le crime a été commis. En plus des sanctions américaines, il est invraisemblable que l’homme d’affaires israélien retourne en RDC de son exil dans son pays d’origine.