A l’issue du premier jour du sommet international sur le climat organisé par les Etats-Unis, peu d’actions concrètes ont été entreprises. Du côté africain, le continent était représenté par cinq invités.
A l’occasion de la Journée de la Terre, le président américain Joe Biden a organisé un sommet virtuel sur le changement climatique. Durant la vidéoconférence, deux des cinq représentants africains se sont exprimés. 40 représentants étaient présents, dont le président français Emmanuel Macron. Le thème du sommet est l’intensification des efforts internationaux pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris de 2015.
Biden a lancé la réunion en promettant de réduire de moitié les émissions de CO2 américaines avant 2030. Son plan inclurait l’élimination des centrales à charbon et la construction d’éoliennes et de panneaux solaires. Un investissement qui peut s’avérer trop couteux pour certains pays africains.
Les chefs africains entre le réalisme et la complaisance
Le président gabonais Ali Bongo a appelé ses homologues d’accélérer l’apport de capitaux au Fonds Vert pour le Climat (FVC). En effet, la croisade de Biden pour l’écologie peut être trop ambitieuse pour le contexte africain. « L’Afrique, durement frappée par le réchauffement climatique, attend beaucoup de ce sommet », a défendu Ali Bongo. Il a aussi rappelé le rôle vital de la flore du Bassin du Congo, qui ne pourrait être protégée que moyennant une fortune. Plus précisément, il s’agit des 100 milliards de dollars du FVC dont seuls 69 millions ont été versés.
Le coût élevé de l’investissement massif dans les énergies renouvelables est effectivement une contrainte. Néanmoins, les remparts devant la gestion de la crise environnementale sont plusieurs. La volonté politique en est une, comme l’a rappelé le président sud-africain Cyril Ramaphosa. Ce dernier, cependant, a été bien conciliant envers les pays qui n’ont pas tenu la promesse de financement de 2015.
Car bien qu’on tende à l’oublier, Biden est tenu par la continuité de l’Etat. Et il est obligé moralement et légalement d’honorer les engagements de son gouvernement. Idem pour Macron, Merkel, et les autres chefs d’Etat participants.
Toutefois, Ramaphosa, qui touche à la fin de l’ultimatum selon lequel il doit se démettre avant la fin du mois, continue de s’engager dans le jeu de Biden. « Nous sommes heureux du retour des Etats-Unis », a déclaré le président sud-africain.
As we have done since the time of Nelson Mandela, South Africa stands ready to work with other nations to build bridges to find solutions that secure humanity’s future.#LeadersClimateSummit https://t.co/crO1dYtAa2
— Cyril Ramaphosa 🇿🇦 #StaySafe (@CyrilRamaphosa) April 22, 2021
Cinq représentants africains pour applaudir les promesses de Biden
Parmi les cinq chefs d’Etat africains présents, aucun n’est imminemment touché par le réchauffement climatique à court terme. Ou plutôt, aucun n’est en mesure de changer la mouvance vers l’industrialisation classique des nations africaines. Et même si la liste inclut le président de la RDC et de l’UA, Félix Tshisekedi, il n’a été invité par Biden qu’en qualité de chef d’Etat. Les autres représentants africains, à part Ramaphosa et Bongo, sont Uhuru Kenyatta (Kenya) et Muhammadu Buhari (Nigéria).
Néanmoins, les pays les plus touchés sont le Mozambique, Madagascar, le Mali, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso. Inutile de dire qu’aucun de ces Etats n’a été représenté lors du sommet. Un choix de Biden dont on ne peut que deviner les raisons. Pourtant, les pays susmentionnés, et d’autres pays africains, sont supposés être impliqués dans le plus grand projet de reboisement de la planète. La « Grande Muraille Verte » est prévue pour la complétion d’ici 2050 et devrait s’étendre du Sénégal à Djibouti.
Ce sommet de la Journée de la Terre est, avant tout, un plébiscite pour la « diplomatie climatique » américaine. Comme l’a déclaré Biden dès le début de la réunion : « C’est un impératif moral et économique ». Et c’est probablement pour l’impériosité de cet impératif que le président américain a invité seulement 40 Etats à son sommet. Cependant, Biden s’est aventuré à promettre de doubler le financement annuel pour le FVC qu’avait mis en place Obama, avant d’être arrêté par Trump. Il a déclaré que les fonds seront versés avant 2024, en supposant que le Congrès des Etats-Unis y adhère, bien sûr.