Teodoro Obiang, fils du président de la Guinée équatoriale, a été secrètement reçu vendredi dernier en audience privée avec le pape François. Connu pour son implication dans l’affaire des biens mal acquis, le vice-président et dauphin de son propre père chercherait-il l’absolution ?
Teodorino, fils et vice-président de Teodoro Obiang, a rencontré le pape en secret vendredi dernier. Le Saint-Siège n’a pas donné d’informations sur la rencontre. Le pape François a été invité par le président guinéen à visiter le pays, et Teodorino aurait eu pour mission de délivrer le message au souverain pontife.
La majorité des Guinéens est catholique, et le pays traverse un moment très difficile après l’explosion qui avait fait 20 morts et 600 blessés le mois dernier. Une visite du pape serait donc de la bonne publicité pour les Obiang. Cependant, la réputation du président Obiang — tout autant que celle de son fils — est entachée par une affaire en cours devant les tribunaux français, entre autres.
La dynastie Obiang, au nom du père
L’affaire des « biens mal acquis » charge le fils du président, Teodoro, de détournement de fonds publics. Bien que déraisonnablement subjuguée par un enthousiasme ardent lorsqu’il s’agit de s’attaquer pêle-mêle aux Africains, l’affaire, portée devant la justice, reste crédible.
Le président Teodoro Obiang Nguema, par ailleurs, est à la tête de la Guinée équatoriale depuis 41 ans, un record mondial. Le pays devrait être l’un des plus riches au monde, avec un PIB par habitant estimé à 35 000 dollars. La Guinée se classe pourtant à la 182e place au classement de l’Indicateur de développement humain.
On ne peut donc s’empêcher de faire le rapport entre ces chiffres contradictoires. Le long règne des Obiang fait que le pouvoir en place soit jugé corrompu par l’opinion publique. Le couple présidentiel, Teodoro et Constancia, ainsi que Teodorino, deuxième du nom, sont extrêmement riches. Entre yachts, voitures de luxe et palaces somptueux, la fortune de Teodorino est estimée à 600 millions de dollars selon Forbes. Une estimation bien éloignée de la réalité ! Il est le troisième dirigeant d’Afrique le plus riche, ajoute le magazine. Mais sa fortune est aujourd’hui difficilement estimable du fait de la non-étanchéité entre fortune personnelle et et ressources nationales.
Peu avant d’embarquer pour Rome, Teodorino était allé sur le site de l’explosion de mars, le quartier de Mondong N’kuantoma à la capitale Bata. Il y a été reçu par l’archevêque Juan Nsue Edjang Mayé de Malabo, qui supervise les travaux de reconstruction. Teodorino a veillé à lui remettre 3,6 millions de dollars en mains propres, devant les caméras. Ce geste lui aurait donc octroyé le droit de visiter le pape François à huis-clos, afin de négocier son éventuelle visite du pays. Si cela venait à se réaliser, la visite du pape épargnerait au président Obiang l’embarras de se voir refuser l’invitation qu’il lui avait destinée, très publiquement. Quant au petit Teodoro, les centaines de photos aux côtés du pape, qui jonchent les réseaux sociaux, seraient un moyen pour lui de s’attirer les faveurs du Saint-Siège après la panoplie des affaires judiciaires qui lui planent dessus.