En République centrafricaine, Ali Darassa, chef du groupe armé l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), a publié un communiqué lundi soir s’engageant à se retirer du mouvement armé de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), menée par François Bozizé contre le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra.
Avec un communiqué du chef de l’UPC, qui annonce son retrait du mouvement CPC, François Bozizé perd le gros de ses troupes armées à l’est de la République centrafricaine. Le CPC cherche à renverser le président Faustin Archange Touadéra depuis quatre mois maintenant. Plusieurs raisons expliquent le désistement d’Ali Darassa de l’UPC.
D’un côté, l’homme a été de facto le chef du CPC lorsque François Bozizé niait encore son engagement dans l’insurrection. Bien que le CPC ait commencé son offensive pour mettre Bozizé au pouvoir, l’ex-chef de l’Etat n’a jamais été officiellement le leader des groupes armés avant le 20 mars.
D’un autre côté, dans son communiqué, Darassa et ses officiers admettent la futilité de la guerre civile à laquelle ils ont participé. « Depuis le début de la crise électorale, la population a beaucoup souffert de l’insécurité, des conditions de santé, de la famine et du manque d’aide humanitaire », peut-on lire dans le communiqué. L’UPC poursuit : « Nous réitérons notre attachement au processus de l’Accord de Khartoum », un accord de paix conclu en février 2029 entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés, dont l’UPC.
Que fera le gouvernement centrafricain ?
Après la crise humanitaire provoquée par la guerre civile, il est difficile, mais pas impossible, que le gouvernement de Touadéra négocie avec les groupes rebelles. Le président centrafricain s’est déclaré prêt à engager des négociations avec l’opposition politique, mais a exclu toute discussion avec les « mercenaires étrangers », comme Ali Darassa Mahamat, originaire du Niger.
Le gouvernement centrafricain est en position de force, et il est dans son intérêt de retourner les groupes armés les uns contre les autres. Si Touadéra n’accepte pas la reddition de l’UPC, les membres de cette organisation n’auront pas d’autres alternatives que de soutenir la guerre de Bozizé. De plus, si le gouvernement ne montre pas une certaine souplesse, les autres groupes armés seront dissuadés de se retourner contre le CPC. Enfin, la RCA a bien besoin d’une trêve, même dans une partie de son territoire, ainsi que d’un semblant d’unité nationale.
Touadéra de plus en plus populaire
Du côté de l’UPC, la capitulation intervient après trois évènements. Le premier est l’offensive des troupes centrafricaines, qui ont repris la capitale Bangui en février avec l’aide de soldats rwandais et de paramilitaires russes. Ensuite, le 12 mars, le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé une augmentation de 3 000 soldats au profit des forces de maintien de la paix Minusca.
Enfin, le 2 avril, le chef d’un autre groupe armé puissant a été déclaré mort. Sidiki Abass, chef de Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R), est mort vendredi à la suite de blessures, il avait été touché fin novembre. Un décès qui a bouleversé l’équilibre des pouvoirs au sein de la CPC.
Depuis que François Bozizé a annoncé sa prise du commandement de la rébellion, la CPC s’effrite petit à petit. De quoi redonner un peu d’espoir aux réfugiés cernés à Bangui depuis deux mois, sous la protection de l’armée et de la Minusca. Mais surtout, de quoi embellir l’image de Touadéra, qui devient de plus en plus populaire et qui s’offre maintenant une opportunité de tourner la guerre civile à l’avantage du gouvernement centrafricain.