L’ancien président de l’Assemblée populaire nationale algérienne s’est exilé au Maroc. Le royaume accueille les parias du régime algérien, sous certaines conditions.
Selon le magazine Jeune Afrique, qui confirme un scoop du Soir d’Algérie, Amar Saadani serait aujourd’hui réfugié au Maroc, où il tente d’échapper à la justice de son pays. L’Algérien, ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN) et secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), se serait installé dans le royaume chérifien. Eclaboussé par plusieurs scandales de corruption, de détournement de fonds et de blanchiment d’argent ses dernières années, Saadani risquait gros dans son pays mais aussi avec le fisc français. D’où une « fuite précipitée », selon la presse algérienne, du côté du Maroc, alors que le dirigeant politique s’était d’abord rendu en France…
En effet, inquiété par la justice algérienne depuis 2018, Amar Saadani s’est installé un temps dans son appartement de Neuilly-sur-Seine, en France. Ne répondant pas aux convocations de la justice de son pays, l’ex-président de l’APN a finalement décidé de s’orienter vers le Maroc, par peur d’une extradition. Une inquiétude liée à l’arrestation, en 2019, de l’ancien Garde des Sceaux, Tayeb Louh, qui, selon plusieurs sources, protégeait Saadani.
L’ancien ministre des Affaires étrangères lui aussi en fuite
Considéré par l’Algérie comme étant en fuite, il se rend d’abord au Portugal, avant de négocier avec le royaume marocain. Une négociation loin d’être gratuite : pour être accueilli comme il se doit et donc protégé, Amar Saadani aurait accepté de livrer des informations confidentielles aux autorités marocaines. En tant qu’ancien président de l’Assemblée et ancien pilier du clan Bouteflika, Saadani serait devenu un informateur du royaume.
Avant cela, Amar Saadani avait déjà fait les yeux doux à Rabat. Concernant le Sahara Occidental, il avait en effet livré sa vision, bien loin de celle du pouvoir algérien. « En vérité, d’un point de vue historique, le Sahara est marocain et rien d’autre. Il a été enlevé au Maroc au congrès de Berlin » en 1878, avait-il osé dire à la presse algérienne. Avant de livrer quelques confidences sur « des sommes faramineuses » versées par l’Algérie pendant un demi-siècle au Front Polisario, dont les membres « se baladent depuis cinquante ans dans les hôtels de luxe ». Nul doute qu’Amar Saadani devrait utiliser ce qu’il sait pour fournir des informations utiles aux Marocains, sur ce dossier particulièrement.
Cet exil semble ne pas être le seul d’un Algérien au Maroc : « Il n’est pas la seule personnalité algérienne à faire le choix de vivre au Maroc », résume une source auprès de Jeune Afrique. La presse algérienne évoque, de son côté, d’autres personnalités en fuite, parmi lesquelles des membres des familles d’oligarques incarcérés ou encore Mohammed Bedjaoui, ancien ministre des Affaires étrangères. Ce dernier a entamé la vente de tous ses biens immobiliers en France.