L’Union européenne s’est attaquée au général Abraha Kassa, l’homme fort du régime d’Issayas Afwerki. Les premières sanctions sont tombées lundi après des violations présumées des droits de l’homme, notamment au Tigré.
« Des actes de torture, des disparitions étranges, des arrestations arbitraires ». La décision de l’Union européenne de sanctionner Abraha Kassa, un officier supérieur de l’armée érythréenne, fait suite à la dénonciation par l’ONU de l’intervention des troupes érythréennes au Tigré, au nord de l’Ethiopie.
« Les sanctions concernent de très graves violations et abus des droits de l’homme, quel que soit l’endroit où ils ont été commis. Toutes les mesures restrictives de l’Union européenne sont conformes au droit international et sont soumises aux normes les plus élevées de l’État de droit », a commenté Josep Borrell, Haut Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’Union européenne.
Le ministère érythréen des Affaires étrangères a réagi en déclarant que la décision de l’Union européenne était « malveillante » et a accusé Bruxelles de vouloir « restaurer le pouvoir du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) ».
« L’Union européenne n’a aucune prérogative légale ou morale pour sa décision et a simplement soulevé des accusations inventées pour saboter l’Érythrée pour des raisons immorales », a simplement rétorqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Abraha Kassa, la tête pensante des exactions
Abraha Kassa s’est imposé comme l’homme fort du régime érythréen, il est considéré comme le cerveau des opérations spéciales en Erythrée. Seulement voilà, c’est aussi Kassa qui coordonne les opérations militaires avec l’Ethiopie au Tigré. Des opérations qui étaient prévues par l’accord de paix de septembre 2018.
L’Union européenne a donc basé ses sanctions sur les rapports alarmants émanant du Tigré, en établissant un lien de cause à effet avec le pouvoir de Kassa, déterminant ainsi qu’il était le principal fautif des atteintes aux droits de l’homme dans le nord de l’Ethiopie. Ce sera donc Kassa qui assumera la responsabilité des exécutions sommaires et de la torture des civils commises par ses soldats.
La commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC) a donc publié un rapport mercredi, accusant les soldats érythréens de ces crimes : « Ces graves violations des droits humains pouvant constituer des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre. », affirme l’EHRC, spécifiant son obtention de photos et de vidéos incriminant les soldats érythréens.
Un plébiscite inévitable aux conséquences graves
« Le Bureau de la sécurité nationale de l’Erythrée est responsable de graves violations des droits de l’homme, en particulier d’arrestations arbitraires, d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées de personnes et de torture. », a annoncé l’Union européenne avec l’accord de 27 de ses Etats membres.
Les sanctions comprennent l’intégration des accusés sur la « liste noire », signifiant le gel de leurs fonds auprès des institutions basées en Europe, ainsi que le boycott de ces personnes lors de l’attribution de fonds européens.
La décision de l’Union européenne de lundi concerne aussi les chefs militaires du Myanmar, le gouvernement nord-coréen et certains responsables chinois.