En proie à des difficultés financières, Tunisair n’a pas les moyens de recevoir ses nouveaux Airbus, commandés en 2016. Mais sans ces avions, la compagnie restera clouée au sol.
Elle a beau être réputée comme étant l’une des compagnies les plus sûres au monde, Tunisair continue de s’approcher du crash. Les finances de l’entreprise, détenue à 75 % par l’Etat, sont dans le rouge. Et après avoir débarqué Olfa Hamdi, la PDG pour le moins éphémère de la compagnie, le ministère des Transports cherche désormais des solutions pour sauver ce qui peut encore l’être. Et la mission est de taille : la compagnie tunisienne est l’une des entreprises aériennes les plus endettées. La faute, notamment, à une masse salariale impressionnante : en sureffectif, Tunisair compte environ 7 800 employés pour une flotte de 28 avions. Là où, en moyenne, les compagnies aériennes mondiales emploient 80 personnes par appareil, Tunisair opère avec… 280 salariés par avion.
Un chiffre d’autant plus impression que la compagnie n’a en réalité par 28 appareils opérationnels, mais entre six et huit, selon le ministère des Transports. Faute de trésorerie, Tunisair profite donc actuellement de ses avions cloués au sol pour faire de la maintenance et utilise leurs pièces pour ses appareils encore en capacité de voler. Le tout nouveau PDG de Tunisair, Khaled Chelly, a un véritable chantier devant lui.
Une prévision de 4 avions sur 28 en service l’été prochain
Et parmi ses priorités, une négociation avec Airbus. L’équipementier a passé un contrat avec Tunisair pour la livraison de cinq A320 Neo. Problème : la compagnie tunisienne n’a plus les moyens de s’offrir cette commande, tandis qu’Airbus compte bien encaisser ce que la société tunisienne lui doit et lui livrer les appareils. Une équipe de cadres de Tunisair s’est pourtant rendue à Toulouse, en France, ces derniers jours pour tenter de convaincre Airbus.
Après avoir signé le contrat en 2016, Tunisair s’est rapidement rendue compte qu’elle ne pourrait payer son dû. La compagnie a donc fait appel à SMBC Aviation Capital, mais l’opération a échoué après des pressions en interne, Tunisair n’ayant pas l’habitude de passer par une opération de financement comme celle conclue avec l’entreprise irlandaise. Avec près de 300 millions d’euros de dettes, Tunisair est donc bien embêtée.
Un vrai dilemme : Tunisair n’a pas les fonds nécessaires pour s’offrir de nouveaux appareils. Mais sans renouvellement du parc d’avions, la compagnie ne devrait disposer que de quatre appareils l’été prochain, prévient la compagnie. L’Etat va devoir rapidement trouver une solution. Entre la faillite et la paralysie, la Tunisie devra rapidement choisir.