A l’occasion des Victoires du Reggae, organisées par le magazine de référence Reggae.fr, l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly a remporté le prix de l’artiste africain de l’année. L’occasion de revenir sur le parcours de cet artiste insoumis.
Le chanteur ivoirien engagé Tiken Jah Fakoly, de son vrai nom Doumbia Moussa Fakoly, a été élu meilleur artiste Africain lors des Victoires du reggae 2021 par 19 000 votants. L’auteur-compositeur a attendu plus de cinq ans depuis son dernier album avant d’être célébré comme il se doit par le site Reggae.fr. Au classement, il est suivi de près par le Guinéen Takana Zion, le Nigérian Burna Boy, ainsi que son compatriote General Tchefary.
L’an dernier, Tiken Jah Fakoly a à nouveau fait parler de lui en collaborant avec le groupe français Tryo sur le single « Les anciens XXV ». Le reggaemaker ivoirien s’était absenté pendant de trop nombreuses années, faisant une pause cinématographique lors de laquelle il a notamment tourné quatre documentaires à succès.
« Tant que l’histoire sera racontée par les chasseurs, la version du lion ne sera jamais connue »
Tiken Jah Fakoly a connu un véritable succès lors de son feat avec le Martiniquais Yaniss Odua, intitulé « Plus rien ne m’étonne ». Dans ce classique du reggae francophone, il accuse notamment la politique néocolonialiste française en Afrique.
Depuis qu’il a enregistré ses premiers succès, Tiken Jah s’est engagé à la fois pour la promotion des jeunes artistes, la cause panafricaine, ainsi que pour dénoncer les injustices. Il s’est également intéressé à la situation dans son pays, la Côte d’Ivoire, accusant le putschiste Robert Gueï dans sa chanson « Le balayeur balayé ». A Abidjan, tous les dirigeants en ont pris pour leur grade, tour à tour, même Laurent Gbagbo.
C’est ainsi que Tiken Jah Fakoly a décidé de s’exiler au Mali, où il a lancé son propre studio, le Camara. Un nom en hommage à son ami Henri Camara, assassiné par un escadron de la mort à Abidjan en 2003.
Fakoly a lancé deux radios et produit beaucoup de jeunes chanteurs, mais il ne s’est jamais limité à la musique. Sa radio à Bamako était également une tribune d’expression pour les plus grands intellectuels africains.
Avec 11 albums à son actif, 4 disques d’Or et plus d’une vingtaine de récompenses, il demeure l’un des meilleurs reggaemakers africains. C’est aussi l’artiste ivoirien qui mobilise le plus, et ce partout sur le continent.