C’est ce dimanche 14 mars, que se déroule le second tour des législatives centrafricaines. Au-delà du vote, la communauté internationale craint des violences.
Deux mois et demi après un premier tour chaotique — seul un tiers des électeurs avaient pu se déplacer —, le second tour des législatives centrafricaines doit avoir lieu aujourd’hui. Avec deux inconnues : les violences d’un côté, l’issue du scrutin de l’autre.
Car l’équation n’est pas simple : alors que la Cour constitutionnelle a imposé qu’au moins 71 députés soient élus avant le 2 mai pour que l’Assemblée nationale soit constituée, le vote avait été annulé ou entaché d’irrégularités dans 69 circonscriptions.
Si 22 députés ont déjà obtenu leur ticket pour l’Assemblée nationale, il faut donc que 49 autres soient élus. Sans ça, le blocage institutionnel risque de déstabiliser un peu plus le pays.
Le mouvement cœurs unis (MCU) du président Faustin Archange Touadéra a, face à lui, un adversaire de taille, ce dimanche : la Convergence nationale (KNK) de l’ancien chef de l’Etat François Bozizé.
François Bozizé, qui est l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis 2013, représente le parti Kwa Na Kwa — « Le travail rien que le travail ». Il avait également tenté de se présenter à l’élection présidentielle en décembre dernier.
Sur fond de bataille politique, la République centrafricaine vit des moments terribles. La guerre civile qui a lieu actuellement sur le sol centrafricain est justement le résultat direct de l’invalidation de la candidature de Bozizé par la Cour constitutionnelle. En décembre dernier, plusieurs groupes armés séléka et anti-balaka se sont unis, à la surprise de tous, afin de former la Coalition des patriotes pour le changement (CPC).
Le peuple pourra-t-il voter ?
La CPC a tenté de faire annuler la tenue des élections, sans succès. Depuis, la guerre civile a ravagé la République centrafricaine. La situation est critique : le pays a subi plusieurs massacres ces dernières semaines. Des milliers de civils se sont réfugiés dans la capitale Bangui. Cette dernière est protégée par l’armée centrafricaine (FACA), des soldats rwandais et des paramilitaires russes, tous sous l’égide de la Minusca. Cependant, la faim et la maladie sont désormais le quotidien des populations locales.
Malgré les petites victoires remportées par l’armée, les milices de la CPC contrôlent encore une large majorité du territoire centrafricain. François Bozizé n’a pas encore été arrêté et l’aile politique de son organisation a même montré une certaine résilience, autant que son aile militaire a commis d’exactions.
Du coup, le vote de dimanche revêt un caractère symbolique : le président Faustin Archange Touadéra aurait bien besoin d’une victoire large et incontestable lors des législatives pour asseoir son autorité. En théorie, le MCU en a les capacités. Mais sur le terrain, les Centrafricains seront encore, dans de nombreuses régions, empêchés de voter.
La RCA croise les doigts pour compter, ce dimanche, les bulletins plutôt que les morts. Le pays n’a plus connu la paix depuis 2004. De quoi rendre perplexe la communauté internationale, qui exhorte le pouvoir en place à tenter de résoudre la crise humanitaire. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a dit toute son inquiétude concernant le risque d’un regain de violence ce dimanche 14 mars.