Véritable problème de santé publique, l’obésité touche de plus en plus l’Afrique. Un fléau qui a un coût, aussi bien humain qu’économique.
Le 4 mars dernier, la Journée mondiale contre l’obésité a été l’occasion de faire un état des lieux de l’obésité en Afrique. Et le constat de l’Organisation mondiale de la santé est inquiétant : entre 2000 et 2020, rien qu’en Afrique, le nombre d’enfants en surpoids ou obèses a augmenté de près de 24 %. Au-delà de la pensée commune qui entend parler de la famine sur le continent, l’obésité est bel et bien un fléau, que les différents gouvernements africains appréhendent de façons diverses et variées.
L’Afrique du Sud est sans aucun doute le pays qui donne le plus l’exemple. Le gouvernement sud-africain a en effet lancé une politique efficace pour décourager ses populations de se tourner vers les produits gras ou sucrés, en instaurant une taxe supplémentaire sur ces catégories d’aliments. En 2019, un prélèvement est par exemple appliqué sur chaque soda contenant plus de 4 grammes de sucre pour 100 millilitres. Ainsi, les bouteilles de Coca-Cola voient leurs prix s’envoler de 11 %. Insuffisant pour les ONG qui réclament une hausse de cette taxe.
L’urbanisation et la sédentarité en cause
Malgré tout, l’Afrique du Sud a pris de l’avance sur ses voisins africains. Il y a quelques années, le ministre tunisien de la Santé, Salah Ben Ammar, mettait en garde contre une « catastrophe sanitaire dans 30 ans, si les Tunisiens ne changent pas leur comportement alimentaire ». Depuis, le gouvernement est resté inerte et la consommation d’aliments gras et sucrés n’a pas diminué. L’OMS, face à ce fléau, exhorte les gouvernements et la communauté internationale à agir rapidement pour lutter contre l’obésité.
Une obésité qui est, selon une étude suisse, « la conséquence directe du développement socio-économique et des modifications des habitudes de vie qui entraînent une consommation plus importante d’aliments hautement caloriques accompagnée d’un style de vie plus sédentaire ». Parmi les causes de l’augmentation de la proportions des personnes en surpoids, l’urbanisation rapide. Or, selon les prévisions statistiques des institutions internationales, la population urbaine africaine va dépasser les 50 % d’ici à 2030.
50 milliards d’euros pour la lutte contre le diabète
Ne pas se soucier de l’obésité serait, pour les gouvernants africains, une erreur. Car cette maladie est l’une des principales causes du diabète de type 2, qui est également en augmentation dans de nombreux pays africains. Rien qu’en 2018, selon la revue scientifique médicale britannique The Lancet, la prévalence du diabète de type 2 en Afrique a augmenté de 129 % depuis 1980. L’OMS tire la sonnette d’alarme, et cela passe par la pédagogie. Car sur le continent, être en surpoids est généralement signe de richesse.
La prise de conscience doit être rapide. Car au-delà de l’aspect sanitaire, l’obésité et le diabète ont un coût économique important. La lutte contre le diabète devrait même, selon les prévisions, atteindre plus de 50 milliards d’euros d’ici les dix prochaines années dans les pays d’Afrique subsaharienne. Déjà mis à rude épreuve par les maladies transmissibles et les pandémies comme Ebola ou la Covid-19, et alors qu’ils manquent d’infrastructures, les dirigeants des pays africains devront réfléchir à la riposte.