Depuis qu’Edgar Lungu a été élu, la situation financière de la Zambie est de plus en plus inquiétante. Depuis novembre 2020, la Zambie a fait faux-bond à ses créanciers, notamment européens, à hauteur de 40 millions de dollars.
En presque cinq ans, l’administration d’Edgar Lungu s’est endettée comme jamais : la Zambie a emprunté 12,4 milliards de dollars, en Europe mais également en Chine. Et les créanciers commencent à perdre patience. D’autant que la Zambie a été le premier pays à faire défaut sur le paiement de sa dette en invoquant la Covid-19, en novembre dernier. Sur les trois derniers mois, le gouvernement zambien a manqué deux échéances. De quoi demander la restructuration de la dette. Mais la Zambie a pris son temps : ce n’est que le vendredi 5 mars que le gouvernement de ce pays a commencé les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) afin de remédier à ses défauts de remboursement.
Un gouvernement irresponsable ?
La Zambie s’est retrouvée dans ce bourbier économique après des décisions étonnantes. En effet, le gouvernement de Lungu a préféré s’endetter auprès de bailleurs européens et d’entreprises chinoises, qui pratiquent des taux peu avantageux, plutôt que de se tourner vers les institutions habituelles, à savoir le FMI ou la Banque africaine de développement (BAD).
Une politique discutable d’endettement qui, associée à un régime non réglementé des envois de fonds à l’étranger depuis ses mines de cuivre en Zambie, n’a pas permis à Lusaka d’équilibrer ces finances, en pleine crise sanitaire et économique mondiale.
Les observateurs ont en effet récemment noté que la réglementation financière en vigueur dans le pays permettait aux investisseurs miniers de transférer leurs bénéfices à l’étranger sans avoir à divulguer au gouvernement leur montant, grâce à la possibilité de passer outre la Banque centrale zambienne.
La relation économique déséquilibrée entre les investisseurs étrangers dans les mines et le gouvernement a été critiquée par les observateurs du FMI, qui considèrent que le cuivre rapporte plus de 70 % du taux de devises du pays.
Des emprunts pour honorer la dette
Un contexte qui a valu à la Zambie un classement CCC par Standard & Poor’s. De quoi effrayer le FMI, qui n’a pas été pressé d’intervenir dans le pays, alors que les élections zambiennes se profilent l’été prochain.
En novembre dernier, le gouvernement du président Edgar Lungu n’a pas remboursé la dette de 40 millions de dollars à ses créanciers étrangers, ce qui a provoqué la défiance des créanciers européens, qui se sont rapidement aperçus que le pays était sur le point de leur faire défaut. La demande de Lusaka pour obtenir des prêts européens, et ainsi échelonner un peu plus la dette zambienne, aurait même été refusée par les créanciers du Vieux-Continent, si l’on en croit l’agence de presse Bloomberg.
Toutefois, comme à chaque fois qu’il faut trouver de l’argent, la Zambie s’est tournée vers le nouvel eldorado : la Chine. Les bailleurs chinois ont accepté de reporter la date d’échéance du prochain paiement partiel à avril, en ce qui concerne une dette de 3 milliards de dollars.
Les créanciers européens, de leur côté, se posent des questions et n’hésitent pas à fustiger le faible leadership économique de Lungu et la gestion financières de la Zambie. Lors de son arrivée au pouvoir en 2011, le Front patriotique était à la dette d’un pays dont la dette restait supportable. Aujourd’hui, le pays se rapproche dangereusement de la cessation de paiement.
La faute au Front patriotique qui, pour honorer ses promesses de campagne, a lancé une vague d’emprunts qui lui a permis de financer des projets de développement, notamment dans l’infrastructure et l’énergie.
Ces projets, dont certains ont été achevés et d’autres abandonnés faute de fonds, n’ont finalement pas généré les revenus espérés par le gouvernement, qui lui auraient permis de rembourser la dette contractée à temps. La Zambie est entrée dans un cercle vicieux, et la situation semble avoir atteint un point de non-retour pour le régime de Lungu qui, pour rembourser la dette initiale… doit à nouveau emprunter.
A quelques mois de l’élection, Lungu est dans une spirale négative. Les institutions internationales voient mal comment le président zambien pourra s’en sortir d’ici là.