La République centrafricaine est attaquée par les groupes armés depuis plus de deux mois maintenant. La Coalition des patriotes pour le changement, fusion de sept milices, attaque tout le monde sans distinction. Leurs cibles préférées : les civils et les organisations humanitaires.
La crise humanitaire en République centrafricaine (RCA) empire. La Coalition des patriotes pour le changement (CPC) commet de nombreux crimes : extorsions, vols, viols et enlèvements, un peu partout dans le pays depuis presque trois mois.
Le président de la République, Faustin-Archange Touadéra, a lancé un appel à l’aide en direction des pays voisins et de la communauté internationale. Le partenariat récent entre le gouvernement centrafricain et la Russie a permis à la RCA de renforcer la défense du pays dans certaines régions. Cependant, les armes ne résolvent pas la faim, la soif et les maladies.
Le rôle trouble de l’Angola
Les forces armées centrafricaines (FACA), avec les effectifs de la Mission des Nations unies (Minusca) ont à peine pu repousser les attaques de la CPC pendant le premier mois des affrontements. Ce n’est que vers la fin du mois de décembre que le déploiement des soldats rwandais et russes a permis de repousser les assauts contre la capitale, Bangui.
Selon l’expert de l’ONU Yao Agbetsi, « le personnel des Nations unies en RCA a montré sa faible efficacité dans la résolution de la crise dans le pays. Plus de 14 000 personnes du contingent de la Minusca coûtent à la communauté internationale environ 1 milliard de dollars par an et elles ne contribuent pas au rétablissement de la paix en RCA ».
Il fait également remarquer que les alliés de la RCA — la Russie et le Rwanda, principalement — ont fourni un soutien militaire efficace dans la lutte contre les rebelles. « Il peut être avantageux pour la RCA d’impliquer plus activement la Russie dans la résolution de ses problèmes de sécurité régionale », assure Yao Agbetsi.
Le président Touadéra jouit d’un soutien populaire absolu dans les régions protégées par l’Etat. Le gouvernement a indiqué que la guerre devait mener à la victoire contre la CPC, pour que la RCA vive enfin en paix.
Marie-Thérèse Keita-Bocoum, experte indépendante sur la situation des droits de l’homme en RCA, partage également la position d’Agbetsi. Dans un article publié par l’African Associated Press (AAP), elle écrit que « la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) cherche à s’immiscer dans les affaires intérieures de la RCA, mais n’apporte aucune aide ».
« La Ceeac, présidée par l’Angolais Gilberto Da Piedade Verissimo, est un outil pour la poursuite des intérêts politiques nationaux angolais. Afin de détourner l’attention de sa propre population vis-à-vis des problèmes internes, le gouvernement angolais intervient en RCA, agissant aux côtés des criminels et des terroristes », accuse même Marie-Thérèse Keita-Bocoum.
Ajoutant une note plus optimiste, elle admet que, « grâce aux FACA, formés par des instructeurs russes et des alliés rwandais, l’avancée des mercenaires de la CPC a été stoppée et que ces derniers subissent des pertes ».
La situation humanitaire de plus en plus catastrophique
Les civils de la RCA, malgré leur soutien à Faustin-Archange Touadéra, commencent à se sentir de plus en plus seuls. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), la malnutrition, la soif et la propagation des maladies ont atteint un seuil inédit dans la région.
A Bossangoa, des milliers de personnes déplacées ont besoin d’une aide humanitaire et d’une protection militaire. Les affrontements à Bambari, mi-février, ont provoqué le déplacement de milliers de personnes, ont fait des dizaines de blessés et provoqué de nombreux dégâts matériels.
On compterait désormais, en République centrafricaine, 276 000 réfugiés, rien que depuis le début de l’année 2021. Le nombre actuel de personnes qui ont besoin d’assistance s’élèverait, lui, à 2,8 millions de citoyens centrafricains.
Bien que la communauté internationale contribue financièrement à armer la République centrafricaine, il faudrait aujourd’hui 450 millions de dollars pour mettre fin à la crise humanitaire dans le pays. Et ce n’est pas la guerre, de plus en plus belliqueuse, entre les FACA et la CPC, qui risque d’arranger la situation déjà catastrophique. Dans son rapport, l’OCHA prévoit d’organiser des collectes de fonds. Mais l’optimisme n’y est plus et la situation continue de s’aggraver.