Les présidents Edgar Lungu et Mokgweetsi Masisi ont inauguré le pont Kazungula, qui s’étend sur un kilomètre entre la Zambie et le Botswana. Les deux chefs d’État étaient accompagnés de leur homologue de la RDC, Félix Tshisekedi.
En tant que président de l’Union africaine, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a coupé le ruban du nouveau pont Kazungula. La structure qui reliera la Zambie et le Botswana s’étend sur 923 mètres sur le Zambèze. Le pont a une grande importance pour l’économie des deux pays. Il aurait aussi un impact sur les équilibres géostratégiques de l’Afrique australe.
#RDC 10.05.2021|#Livingstone
Sur invitation de son homologue zambien, Edgar Chagwa Lungu, le Chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a pris part, comme invité d'honneur, à la cérémonie d'inauguration du pont de Kazungula, long de 923 m, reliant la Zambie au Botswana. pic.twitter.com/uAiMeJQ6T6— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) May 10, 2021
La fin des taxes étrangères ?
Par le passé, la Zambie et le Botswana échangeaient via le transport maritime. Toutefois, les ferrys ne pouvaient pas transporter l’entièreté des marchandises qui circulaient entre les deux pays. En effet, les flux passaient à 67 % par les transporteurs namibiens et sud-africains. Ces derniers assuraient le transport à travers le Zimbabwe.
Donc, les deux pays, surtout la Zambie, dépensaient jusqu’à 173 millions de dollars en frais de transport. Or, si l’on considère les chèques encaissés par des pays non-africains en plus, la somme était trois fois plus importante.
Les sociétés de transport indiennes, européennes et israéliennes encaissaient presque 200 millions de dollars par an. De plus, l’Inde, la Belgique et l’Afrique du Sud, obtenaient une grande part des marchandises transportées à prix faible. Cela s’expliquerait par les frais d’affrètement qui étaient partagés avec les pays receveurs.
Avec l’inauguration du pont Kazungula, plusieurs facteurs risquent de changer. Premièrement, certains intervenants perdront leurs privilèges quant à certaines marchandises. Par exemple, le pétrole et les produits agricoles zambiens, qui étaient exportés en Europe et en Inde, pourront viser un marché local. De même, les diamants, le cuivre et le gaz naturel botswanais connaîtraient plus de succès sur le marché africain. Pendant deux décennies, ces ressources étaient vendues à la Belgique, la France et à l’entité sioniste.
Today marks a historic day. #KazungulaBridge 🇧🇼 🇿🇲
— Dr. Mokgweetsi E.K Masisi (@OfficialMasisi) May 10, 2021
Le défi de la continuité
Lors de l’inauguration, Edgar Lungu a déclaré : « ce pont réduira le coût des affaires. Il encouragera la compétitivité et la création d’emplois. », a-t-il dit. Dans le cas de la Zambie, ces faits pourraient se montrer réels. Le pays dépendait de l’économie vivrière et des investisseurs étrangers. La Zambie pallie son manque d’infrastructures par l’importation de ressources que le Botswana exporte à hauteur de 65 % dans le cas du gaz, par exemple.
De son côté, le président Masisi a affirmé l’importance immédiate de « démontrer la poursuite de relations bilatérales croissante », a-t-il déclaré. Le Botswana souffre d’une crise de produits agricoles, la pire des pays d’Afrique australe. En raison d’une dépendance de l’Afrique du Sud, et de l’absence d’un accès à la mer, la sécheresse est souvent fatale pour les populations de l’Ouest du pays. C’est un problème auquel la Zambie pourrait remédier.
Toutefois, ces projets ne pourraient pas se concrétiser avec de la bonne foi uniquement. Les deux pays, particulièrement la Zambie, souffrent de lacunes au niveau de l’infrastructure interne. De surcroît, l’absence des collectifs agricoles en Zambie soumet les entrepreneurs à l’entrisme étranger. L’État n’est même pas présent dans les régions rurales.
Néanmoins, le projet qui a coûté 259 millions de dollars a été retardé depuis 2014 à plusieurs reprises. Ce n’est qu’après l’intervention d’un investisseur japonais, la JICA, que la construction a été possible. Cela dit, l’efficacité du pont de Kazungula ne pourra se concrétiser qu’après la finition du chemin de fer qui se construira des deux côtés. Or, ce dernier projet est porté par une entreprise chinoise via la Banque africaine de développement (BAD). Donc, l’atteinte des objectif de cette collaboration entre les deux pays ne verra le jour que si les Etats africains détiennent les droits absolus d’exploitation de ces infrastructures. Au vu de la nature du financement des infrastructures chinois en Afrique, ce détail pourrait être le vrai défi dans la réalisation d’une vraie collaboration.