Alors que deux postes sont encore disponibles à la Commission de l’UA, les pays de la Cedeao présenteront une candidature unique. Le Maroc tentera aussi de s’imposer, malgré une désunion de la région Afrique du Nord.
Deux sièges de commissaires au sein de l’Union africaine sur les dix sont vacants, ceux de la santé, des affaires humanitaires et du développement social, et celui de l’éducation, de la science, des technologies et de l’innovation. Alors que la Commission de l’UA compte actuellement deux commissaires nord-africains contre un seul pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la bataille fait rage en coulisse pour les deux régions du continent. En juin prochain, des élections auront lieu pour attribuer les deux sièges restants pour les quatre prochaines années.
Des postes qui ont une importance diplomatique capitale : « Les commissaires assistent le président dans la gestion de la Commission. Ils sont responsables de la mise en œuvre de l’ensemble des programmes, politiques et décisions qui relèvent du portefeuille dont ils ont la charge », indique l’Union africaine.
La Cedeao a le droit à un second poste de commissaire au sein de la Commission et a décidé de présenter le Burkina Faso, sur recommandations du Nigeria. Muhammadu Buhari a eu fort à faire pour convaincre les membres de la Cedeao se se rallier à la cause de Roch Marc Christian Kaboré. En effet, la Sierra Leone, la Gambie et le Ghana souhaitaient également obtenir le poste. Le Nigeria continue son opération d’influence après avoir placé Bankole Adeoye, un proche de Buhari, au poste de commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité.
L’ancienne ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, Minata Samate Cessouma, tentera de son côté d’obtenir le poste de commissaire à la santé, aux affaires humanitaires et au développement social. Une union ouest-africaine qui fait la force : si, comme prévu, tous les membres de la Cedeao se rangent derrière la candidature de cette proche de Kaboré, elle devrait rafler facilement le siège espéré par le Burkina Faso.
La Mauritanie veut court-circuiter le Maroc
Du côté de l’Afrique du Nord, le Maroc tente lui aussi d’imposer, à la façon du Nigeria, sa patte. Mais le retour du royaume au sein de l’Union africaine en 2017 lui a fait perdre du terrain en termes de diplomatie et d’influence. Lors du scrutin pour élire le commissaire à l’agriculture, en février dernier, le Marocain Mohammed Sadiki n’a pas obtenu les voix nécessaires, l’Angolaise Josefa Leonel Correia Sacko ayant raflé le poste.
Mais le Maroc pourrait bien imposer son candidat pour le poste de commissaire à l’éducation, la science, les technologies et l’innovation. Sauf que l’Afrique du Nord n’est pas la Cedeao… Le royaume chérifien ne peut en effet pas compter sur deux voix au sein de sa propre région : l’Algérie et la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ne voteront en effet pas pour leur ennemi juré, surtout depuis la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le Maroc a également d’autres pays, à l’instar de l’Afrique du Sud, contre lui.
Et à la différence de la Cedeao, l’Afrique du Nord ne parlera pas d’une seule voix : la Mauritanie présentera en effet sa propre candidature, avec son ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Technologies de l’information et de la Communication, Sidi Ould Salem, également porte-parole du gouvernement. Si Rabat n’est pas passé loin de rafler un premier poste de commissaire en février dernier, il pourrait une nouvelle fois échouer.