Opposant historique au régime de Ben Ali, Ahmed Nejib Chebbi lutte aujourd’hui contre Kaïs Saïed. Convoqué par la justice, le militant tunisien refuse aujourd’hui de répondre aux questions des juges.
Opposant historique au régime Ben Ali, le Tunisien Ahmed Nejib Chebbi se pose aujourd’hui en opposant contre le président Kaïs Saïed. L’avocat a organisé un point presse ce mardi 3 janvier. Aujourd’hui dirigeant du Front du salut national, il a annoncé qu’il désobéirait à « une justice civile de nouveau aux ordres du pouvoir ».
Depuis plusieurs jours, l’opposant est en effet dans le viseur de la justice. Convoqué suite à une plainte déposée contre sa formation politique par la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, l’une des héritières de l’ancien régime de Ben Ali, Chebbi estime être victime d’« une politique de l’intimidation » lancée en concertation par Abir Moussi et par le président tunisien.
Que reproche-t-on exactement à Nejib Chebbi ? Les dirigeants du Front du salut national — Chebbi, mais aussi Ridha Belhadj, Chaïma Issa et Jaouhar Ben M’barek — sont accusés de « financement du terrorisme » et de « complicité » avec une association non autorisée. Le 25 décembre dernier, alors que sa formation politique manifestait, Nejib Chebbi avait évoqué « la culture autocratique d’Abir Moussi » et la volonté de cette dernière de réinstaurer une dictature.
Sorti de sa retraite politique
Nejib Chebbi s’étonne de la rapidité de sa convocation. « En 24 heures, sans que l’on examine la plainte, on a pris la décision de nous poursuivre », explique-t-il. En juillet dernier, alors que le leader de la formation islamiste Ennahdha était entendu pour répondre à des accusations similaires, Chebbi avait dénoncé une « campagne de harcèlement » de la part de la présidence contre les « personnalités politiques de premier plan ». L’ancien président Moncef Marzouki, mais également Samir Dilou sont également poursuivis devant les tribunaux tunisiens.
Condamné à plusieurs reprises dans les années 1970, Nejib Chebbi a longtemps espéré, en 2011, devenir l’une des figures politiques de premier plan. Mais après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, après un passage éclair au ministère du Développement régional et local, l’ex-opposant n’a obtenu qu’un poste de député au sein de l’assemblée constituante. Candidat à la présidentielle de 2014, Chebbi n’a que difficilement dépassé 1 % des suffrages.
Alors que l’on pensait l’ennemi numéro 1 de Ben Ali éloigné du terrain politique après sa déroute électorale, Nejib Chebbi s’est relancé dans l’arène politique le 26 avril dernier. Il a lancé le Front de salut national, un mouvement composé de plusieurs partis politiques censé lutter « contre le coup d’État » du président Kaïs Saïed.