Ce samedi 1e mai, le président somalien Abdullahi Mohamed s’adressera au parlement. Les affrontements au sein de l’armée à Mogadiscio, et la position du Premier ministre, auront-ils raison de l’extension du mandat de Farmajo ?
Le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a abdiqué aux exigences de l’opposition ce mardi. Après que deux Etats clés ont rejeté la prolongation de son mandat, le Premier ministre a demandé au pays de se préparer aux élections. Le retard de leur tenue a conduit aux pires violences politiques à Mogadiscio depuis des années.
Les tensions sont vives depuis février, lorsque le mandat de quatre ans du président avait pris fin. Au milieu des désaccords sur les modalités de la tenue des élections, le président a accusé les dirigeants régionaux de conduire le pays vers l’impasse. L’opposition, elle, l’a accusé de refuser de quitter ses fonctions.
Plus tôt en avril, la chambre basse du parlement somalien avait voté la prolongation du mandat de Farmajo. Le Sénat avait rejeté la décision, mais cela n’a pas empêché le président de signer un ordre exécutif. Ainsi, Farmajo avait unilatéralement prolongé son mandat, et reporté les élections de deux ans.
La Somalie, zone de non-droit
Depuis dimanche, donc, des affrontements armés ont éclaté à Mogadiscio. Les troupes du gouvernement ont fait face à des soldats mutins. Plusieurs blessés et trois morts ont été décomptés. Les escarmouches qui se sont déclarées partout dans la capitale ont poussé les civils à quitter leurs foyers.
Hier, les dirigeants des Etats fédéraux, autrefois alliés de Farmajo, ont déclaré leur refus de la prolongation de son mandat. En réaction à cette décision, le Premier ministre Mohamed Hussein Roble a appelé à la tenue des élections. « Je salue la déclaration publiée par les Etats de Galmudug et Hirshabelle », a déclaré le Premier ministre.
The Statement by Prime Minister H.E @MohamedHRoble on the current situation in Mogadishu and Election Process in the country. pic.twitter.com/6T2EFeji9k
— SomaliPM (@SomaliPM) April 27, 2021
Les récentes violences en plus de la prolongation du mandat de Farmajo ont aussi mis en colère les alliés internationaux de la Somalie. Des mois de pourparlers soutenus par les Nations Unies n’ont pas réussi à résoudre l’impasse électorale. C’est dans ce contexte que les affrontements de dimanche ont éclaté. La situation est d’autant plus dangereuse lorsqu’on considère la loyauté des soldats mutins aux milices tribales.
Le secrétaire général de l’ONU a appelé toutes les parties à l’apaisement. Tandis que les Etats-Unis ont menacé Farmajo de sanctions si les négociations pacifiques ne reprenaient pas immédiatement. Et à la suite des morts de deux policiers et d’un soldat mutiné à Mogadiscio, Farmajo a enfin cédé.
Les Américains affutent leurs couteaux
Du côté de la Mission des Nations Unies en Somalie (ONUSOM), les divisions claniques au sein de l’armée et les combats qui s’en sont suivis étaient « alarmants ». L’ONUSOM a affirmé sa crainte que le conflit politique distrayait les soldats somaliens du champ de bataille. Les combattants du groupe terroriste al-Chabab, affilié à Daech, mènent une insurrection meurtrière depuis des années.
La Somalie n’a pas eu de gouvernement efficace depuis l’effondrement du régime militaire il y a 30 ans. Et des décennies de guerre civile et d’anarchie ont mis le pays à genoux. Jusque-là, Mogadiscio a été la seule région stable du pays. L’Union africaine (UA) a annoncé qu’elle nommerait un envoyé en Somalie pour arbitrer les pourparlers et trouver un compromis qui garantirait la paix.
L’organisation International Crisis Group (ICG), présidée par l’américain Robert Malley, a appelé à une « intervention extérieure ». Toutefois, l’UA a déclaré « Les acteurs externes qui poursuivent des intérêts bilatéraux étroits en soutenant certaines factions en Somalie risquent davantage de faire pencher la balance vers l’implosion. », écrit l’UA dans un communiqué agréablement courageux.