Le président du Burundi, Evariste Ndayishimiye, conclut ce mercredi 14 juillet sa visite en RDC. Hier, il a rencontré son homologue Félix Tshisekedi. Les deux chefs d’Etat ont abordé plusieurs sujets.
A Kinshasa, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a reçu son homologue burundais Evariste Ndayishimiye. Le chef d’Etat burundais était accompagné par son ministre des Affaires étrangères, Albert Shingiro. Au sein de la délégation burundaise se trouvait aussi Alain Tribert, le ministre de la Coopération et du Développement. Tshisekedi et Ndayishimiye ont évoqué trois sujets.
En premier lieu, l’intégration de la RDC à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), un des objectifs de Tshisekedi qui cherche sans doute à élargir son réseau. Les modalités de l’entrée de la RDC au sein de l’EAC dépendra de la volonté de la diplomatie des pays de l’organisation. Or, outre l’Ouganda et le Rwanda, les autres pays font, plus ou moins, cavalier seul.
Deuxièmement, les deux chefs d’Etat ont signé un protocole pour le développement d’un chemin de fer à écartement standard (SGR). Ce projet reliera Kindu, dans l’Est de la RDC, à la capitale économique du Burundi, Bujumbura. Pour Tshisekedi, le SGR s’inscrit dans une tendance de développement des infrastructures dans l’Est de la RDC, afin de dynamiser l’économie. Un tel projet impliquera des efforts communs des quatre pays frontaliers pour assurer la sécurité de la frontière le long du Kivu.
Le troisième sujet abordé par les deux présidents a d’ailleurs été la sécurité. La frontière Est de la RDC est perpétuellement sous la menace des groupes armés, terroristes et insurrectionnels. C’est donc une union quadripartite que cherche à établir Tshisekedi, mais quel rôle le Burundi jouera-t-il dans cette alliance ?
Le Burundi appelle ses ressortissants actifs dans les groupes armés en RDC à regagner le pays, « ils ne sont pas des rejetés de la société burundaise », déclare Evariste Ndayishimiyehttps://t.co/48sGGs1SuA pic.twitter.com/z1YsneQxPf
— ACTUALITE.CD (@actualitecd) July 13, 2021
Evariste Ndayishimiye et son année mitigée
Le pays est exposé à la grande criminalité. Des groupes armés y perpètrent des assassinats de dignitaires et kidnappent des villageois. Néanmoins, pour l’opposition burundaise, l’insécurité incombe à Ndayishimiye. Pour son premier opposant, Agathon Rwasa, président du Congrès national pour la liberté (CNL), le président ne fait… rien. Il a déclaré en juin : « L’Etat ne garantit pas la sécurité des citoyens. Le président n’a rien fait au bout d’un an de son mandat. Il a dit lui-même qu’il n’a rien réalisé et qu’il organise encore ses équipes ». Avant d’ironiser : « Ce n’est pas moi qui irai le contredire ».
Pour l’activiste et économiste Faustin Ndikumana, le Burundi serait abandonné par la communauté internationale, mais l’Etat semble plutôt apathique. Selon l’économiste, « l’endettement explose avec 60% du PIB. L’aide publique au développement est gelée et le plan de coopération rurale n’est toujours pas opérationnel. Le bilan économique de cette première année (de mandat de Ndayishimiye, ndlr) est hypothétique, mitigé ».
Lors du Dîner organisé à la Cité de l’UA à l’occasion de ma visite d’Etat en #RDC, j’ai réitéré mes condoléances et ma sympathie envers le Président #Tshisekedi et envers le Peuple Congolais pour le décès du Cardinal #Mosengwo et pour les dégâts causés par le Volcan #Nyiragongo. pic.twitter.com/yxoiJBJVaG
— SE Evariste Ndayishimiye (@GeneralNeva) July 13, 2021
Une union diplomatique au sein de l’EAC
Au niveau diplomatique, toutefois, Ndayishimiye peut se targuer d’un bilan positif. Le gouvernement burundais a réussi à négocier la levée des sanctions sur le Burundi. Le troisième mandat chaotique de l’ancien président Pierre Nkurunziza avait fini d’isoler le pays. L’Union européenne (UE) a reçu favorablement la demande du Burundi. Le pays s’attend donc à recevoir les aides de l’UE dont il dépendait précédemment, à hauteur de 150 millions de dollars par an.
En tout, Evariste Ndayishimiye a fait sept voyages en Afrique durant son mandat, sans jamais quitter le continent. Le Burundi pourrait donc représenter un allié crédible pour Tshisekedi. Car avec Paul Kagame et Yoweri Museveni comme nouveaux partenaires, le chef d’Etat de la RDC pouvait déjà se prévaloir d’un réseau puissant dans l’Est de son pays. Un réseau qui, une fois en action, signifierait la création d’une nouvelle puissance dans la région. A l’instar du Kenya et de la Tanzanie, ou des pays de la Corne de l’Afrique, le Burundi est en tout cas un pays sur lequel Félix Tshisekedi pourrait bien miser.
#RDC #BURUNDI 12.07.2021/ #KINSHASA
Le Président du Burundi Evariste Ndayishimiye est arrivé ce lundi à Kinshasa pour une visite d'état en RDC. Il a été accueillli par le PM Sama Lukonde.
Ce mardi, le Président Tshisekedi recevra son homologue burundais au Palais de la Nation. pic.twitter.com/ItMYU4GCxu— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) July 12, 2021