Cette semaine, Total a annoncé la suspension de ses activités dans le nord du Mozambique, à cause de la menace terroriste. Total était impliqué dans un énorme projet gazier.
Déjà impliqué dans plusieurs projets controversés en Afrique de l’Est, notamment à cause des conséquences écologiques ou sociales, Total a décidé de suspendre ses activités au Mozambique. Ce sont les violences dans le nord du pays qui ont incité le groupe a prendre cette décision. Depuis 2017, plus de 2 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été assassinées dans le nord du Mozambique, où agissent des mercenaires, l’armée et des terroristes. Or, dans le cadre du mégaprojet de gaz naturel liquéfié (GNL) mozambicain, Total avait envoyé de nombreux salariés, sur le site d’Afungi, dans le nord de la province du Cabo Delgado. Tout le personnel de Total présent sur place est prié de quitter les lieux.
Il s’agit, assure Total, d’un cas de « force majeure ». La décision du groupe pétrolier doit beaucoup à l’attaque terroriste de la fin du mois de mars, qui avait provoqué un déploiement des forces armées mozambicaines. Si plusieurs rebelles avaient été tués, la situation est loin d’avoir été stabilisée. En effet, d’autres affrontements entre terroristes et forces de l’ordre ont éclaté il y a deux semaines. Situé à quelques kilomètres de Palma, le chantier de Total ne peut plus être sécurisé.
Il aura donc fallu que la situation sécuritaire se dégrade pour que Total suspende ses activités. Ni les critiques des populations locales ni celles des ONG de défense de l’environnement n’avaient, jusqu’à maintenant, eu raison de ce mégaprojet gazier.
Le plan prévoit — ou prévoyait — la construction de la première usine onshore de GNL. Un projet important pour le gouvernement, qui y voit une belle carte à jouer pour son économie nationale. D’après le plan présenté par les autorités mozambicaines, des champs gaziers et deux infrastructures de liquéfaction devaient permettre de sortir près de 13 millions de tonnes de GNL par an. Le tout pour la somme de 20 milliards de dollars.
Mais le départ de Total, s’il n’est pour le moment pas définitif, est un coup dur pour le gouvernement de Mozambique : plus de 16 des 20 milliards de dollars déjà mobilisés auprès de banques internationales et d’institutions financières, parmi lesquelles la Banque africaine de développement (BAD), l’ont été par Total. La suspension des activités de la multinationale pourrait donc fragiliser le projet.
Total laisse toute une région à l’abandon économique. Mais aussi les populations locales face aux violances. « Les habitants de Cabo Delgado sont pris entre les forces de sécurité mozambicaines, la milice privée combattant aux côtés du gouvernement et le groupe d’opposition armé connu localement sous le nom d’Al-Shabab — dont aucun ne respecte leur droit à la vie ou les règles de la guerre », accuse Amnesty International dans un rapport, qui affirme que de nombreuses sociétés de sécurité étaient présentes sur place.