Bien qu’annoncé à Alger, le roi du Maroc ne participera finalement pas au sommet de la Ligue arabe. Depuis que l’invitation a été officiellement envoyée par Alger, Mohammed VI a laissé planer le doute.
On attendait Mohammed VI, on aura finalement Nasser Bourita. C’est en effet le ministre marocain des Affaires étrangères qui participera au sommet de la Ligue arabe qui débute ce mardi 1er novembre à Alger.
Pourtant, le roi du Maroc n’avait pas été insensible, selon des sources proches du palais, au geste du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui avait officiellement invité le souverain chérifien lors du voyage, au Maroc, de son ministre de la Justice. Ce dernier avait remis une lettre à Nasser Bourita. Et les derniers articles de presse laissaient penser que le roi avait accepté l’invitation, mais seules des sources algériennes avaient confirmé.
Une campagne rondement menée : le palais marocain a en effet soigneusement évité de communiquer — aussi bien officiellement qu’officieusement — sur la venue de Mohammed VI à Alger, laissant à la presse internationale le soin de faire l’annonce. Et au roi la possibilité, le cas échéant, de revenir sur sa décision sans donner l’impression qu’il avait changé d’avis. Mohammed VI a, selon Bourita, décidé de faire « connaître sa position au dernier moment ». Une façon aussi d’apparaître au premier plan et d’être la seule attraction du sommet.
Tensions lors de la réunion préparatoire
Mais Mohammed VI a finalement décliné l’invitation. Un changement de cap notamment dû à d’autres absences. Plusieurs chefs d’État, à commencer par ceux du royaume d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, mais également de Jordanie et du Koweït, ont tardé à dire qu’ils ne se rendraient pas à Alger. Mohammed VI ne souhaitait pas être esseulé, il a donc reculé.
Autre élément qui a fait changer d’avis le palais marocain : la réunion préparatoire des ministres arabes des Affaires étrangères. Comme souvent, la présentation d’une carte du Maroc qui ne comprenait pas la partie du Sahara occidental revendiquée par le Maroc a provoqué la colère du ministère des Affaires étrangères du royaume. La délégation chérifienne a également fustigé l’attitude « de l’agent de sécurité algérien » affecté à la délégation du Maroc et un incident au moment du dîner, qui a irrité Nasser Bourita. Le palais a donc tout bonnement décidé, après cette réunion préparatoire, que les conditions n’étaient pas réunies pour un accueil serein du roi du Maroc.
Enfin, la presse a joué un grand rôle dans la décision royale. D’un côté, le Maroc n’a pas digéré les attaques subies par le roi dans la presse algérienne. Côté algérien, on estime que le sommet a été saboté par la presse chérifienne, qui a notamment laissé courir le bruit de la présence, pourtant non prévue, du président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) Brahim Ghali. Des « allégations mensongères » et « diffamatoires » qui avaient, selon Alger, pour seul but de « tenter de nuire » au sommet.