Le ministre malien de l’Intérieur Abdoulaye Maïga vient d’annoncer que, suite à de « fausses allégations », les médias français France 24 et RFI seront désormais suspendus au Mali.
Au Mali, le gouvernement a décidé de suspendre les médias français RFI et France 24, désormais interdits d’y diffuser leurs programmes. Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur et porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga, déplore un « matraquage médiatique synchronisé » de la part des deux diffuseurs. En cause, des allégations d’exactions commises par les Forces armées maliennes (FAMa) contre les civils, ayant fait l’objet d’un reportage par les deux médias français entre le 14 et le 15 mars.
RFI et France 24 se sont appuyés sur une déclaration de la Haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, l’ex-présidente chilienne Michelle Bachelet, puis sur un rapport de l’ONG Human Right Watch (HRW) pour accuser les FAMa de crimes.
Le gouvernement malien avait répondu au rapport en niant en partie les accusations. Il avait cependant assuré qu’il enquêterait sur les incidents. RFI et France 24 se sont saisis du sujet, en interrogeant notamment Bénédicte Jeannerod, la directrice de HRW en France.
Abdoulaye Maïga affirme cependant que le rapport de HRW ne s’appuie sur aucune preuve tangible. Parmi les rédacteurs du document, on retrouve la photojournaliste américaine Corinne Dufka qui, contrairement à ses anciens travaux — au Salvador, au Kenya, en Sierra Leone ou encore au Rwanda —, ne s’est pas déplacée au Mali et s’est contentée d’appels téléphoniques avec des témoins.
France 24 et RFI, victimes de la bataille France-Mali ?
Selon le communiqué du gouvernement, le Mali suspendra « jusqu’à nouvel ordre, la diffusion de RFI en ondes courtes et FM et de la télévision France 24, ainsi que toutes leurs plateformes digitales sur toute l’étendue du territoire national ».
Une décision qui intervient après de nombreuses actions fermes prises contre la France, parmi lesquelles l’expulsion de l’ambassadeur français au Mali ou encore la demande faite à Paris d’accélérer le rapatriement de ses soldats de l’opération Barkane. Depuis plusieurs mois, responsables politiques maliens et français s’invectivent par médias interposés. De quoi provoquer une dégradation de la relation entre la France et le Mali.
Si les deux médias français ont été visés par la décision du gouvernement malien, et pas d’autres médias nationaux et internationaux s’étant également saisis du rapport de HRW, c’est justement car France 24 et RFI sont financés par l’Etat français à hauteur de 200 millions d’euros d’aides directes.
Cela n’en fait pas, dans le droit, des médias d’Etat. Toutefois, surtout lorsqu’il s’agit d’affaires politiques africaines, ces médias, largement suivis en Afrique francophone, s’en tiennent généralement à une ligne éditoriale équivalente à la ligne des décideurs français.
Ces derniers, surtout le président Emmanuel Macron, son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et sa ministre des Armées Florence Parly sont particulièrement hostiles vis-à-vis du président par intérim Assimi Goïta, et de son Premier ministre Choguel Maïga.