La République démocratique du Congo va intégrer la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Pour quels avantages et dans quel but ?
La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) a récemment accueilli un nouveau membre. La République démocratique du Congo n’a en effet jamais caché sa volonté de rejoindre le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi, le Rwanda et le Soudan du Sud au sein de l’organisation internationale. C’est le Rwanda, au prix d’une amitié retrouvée avec la RDC, qui a négocié les modalités de l’intégration du pays au sein de l’EAC.
Le pays de Félix Tshisekedi était jusque là membre de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Mais le président congolais lorgne depuis plusieurs années vers l’est. Pourquoi ? Tout d’abord, la RDC se verrait bien profiter des avantages économiques au sein de l’EAC. Le pays participe actuellement à la construction de voies commerciales avec l’Ouganda, par exemple. Et Tshisekedi n’a pas caché sa volonté d’exporter les produits agricoles congolais vers l’Afrique de l’Est. « Tout cela nécessite que l’on harmonise nos politiques, nos tarifs pour que les producteurs congolais se retrouvent aussi », a indiqué le chef de l’Etat.
Mais l’enjeu est également sécuritaire. En avril, Kinshasa a annoncé l’arrivée de soldats kényans dans l’est du pays, avec pour objectif de pacifier la zone.
Une victoire politique contre Kabila ?
L’admission de la RDC au sein de l’EAC, actée lors du 21e Sommet des chefs d’Etat de cette Communauté en février dernier, montre aussi la volonté de l’EAC de se renouveler. La reconnaissance du français comme langue officielle de l’organisation, en plus de l’anglais et du swahili, en est une illustration supplémentaire.
Reste désormais à savoir si le Congo sortira gagnant de cette adhésion. De fait, notamment de par son histoire, l’organisation sous-régionale est plutôt favorable au Kenya, à la Tanzanie et à l’Ouganda, les trois pays fondateurs de l’EAC. Plusieurs acteurs économiques congolais craignent de perdre leur souveraineté économique et de voir les produits rwandais, ougandais ou kenyans envahir les étals congolais.
Outre les aspects économique et sécuritaire, l’adhésion de la RDC à l’EAC est un message fort, politiquement parlant. Alors que Kabila et sa garde rapprochée étaient plutôt tentés par une adhésion à la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), Tshisekedi concrétise sa volonté, lui qui s’est rapproché des pays de l’EAC depuis son investiture en 2019.