Annoncé dans un état plus que préoccupant, Hamed Bakayoko ne devrait pas reprendre son poste de Premier ministre. De quoi mettre le président ivoirien Alassane Ouattara dans une situation fragile.
C’était l’un des sujets de discussions lors du dîner, le 3 mars dernier, entre Emmanuel Macron et Alassane Ouattara. Alors que la Côte d’Ivoire vote pour ses parlementaires, les chefs d’Etat français et ivoirien ont évoqué la santé d’Hamed Bakayoko. En France depuis le 18 février pour se faire soigner, le Premier ministre ivoirien est dans un état « préoccupant », selon les médecins. De retour à Abidjan, Alassane Ouattara a d’ailleurs affirmé qu’il avait rendu visite à son Premier Ministre à l’hôpital. « Compte tenu de l’état de santé du Premier ministre, il a été recommandé une prolongation de son hospitalisation », a simplement déclaré la présidence de la République dans un communiqué.
Selon nos informations, l’état de santé du Premier ministre ivoirien s’est effectivement dégradé. Plusieurs sources affirment que l’ancien ministre de l’Intérieur a perdu l’usage de la parole et que son état est plus critique que la présidence veut bien le dire. Impossible, pour l’heure, de savoir de quoi souffre Hamed Bakayoko, mais des proches du Premier ministre évoquent un cancer du pancréas. Candidat à Séguéla, le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) n’a pas pu battre campagne. Une autre source, proche du pouvoir, indique que l’annonce du décès d’Hamed Bakayoko n’est qu’une questions d’heures et que le Premier ministre serait maintenu artificiellement en vie, au moins jusqu’à la fin du scrutin législatif.
Quel successeur à Hamed Bakayoko ?
Pour Alassane Ouattara, c’est le début d’un insoluble casse-tête… Quoi qu’il arrive, Bakayoko ne devrait de toute façon pas reprendre son poste. Le président de la République ivoirienne, marqué par les nombreux décès de ses collaborateurs, à l’instar d’Amadou Gon Coulibaly en 2020, se trouve de plus en plus esseulé. Le chef de l’Etat n’a d’ailleurs pas jugé utile de nommer de Premier ministre par intérim, ce qu’il avait pourtant fait lors du départ de Gon Coulibaly en France pour raisons de santé. En coulisse, cependant, ce sont Fidèle Sarassoro, directeur de cabinet de Ouattara, Patrick Achi, son secrétaire général, et Ally Coulibaly, ministre des Affaires étrangères, qui sont aux commandes de la primature.
Alors qu’il comptait instaurer une certaine continuité au poste de Premier ministre, même après les législatives, Alassane Ouattara doit d’ores et déjà réfléchir à un plan B. Outre Patrick Achi, le mieux placé dans la hiérarchie gouvernementale, et Fidèle Sarassoro, le président ivoirien pourrait opter pourJean-Claude Brou, président de la commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Encore faut-il que la majorité remporte les législatives. Ouattara doit-il désormais compter les heures ? Bakayoko était l’homme qui tenait, pour le président, la rue ivoirienne. Sans son autoritaire Premier ministre, le président de la République sera fragilisé, quatre mois à peine après avoir remporté une parodie d’élection présidentielle.