Alors que le cadre juridique entourant la candidature des membres du gouvernement nigérian aux primaires de l’élection présidentielle reste flou, le président a tranché. Muhammadu Buhari exige que tous les membres du gouvernement qui participeront aux primaires démissionnent.
C’est une décision qui a surpris et pris de court plusieurs ministres. Le président du Nigéria Muhammadu Buhari a ordonné que tous les ministres souhaitant participer à l’élection présidentielle de février 2023 démissionnent avant le 16 mai. Les primaires de l’élection présidentielle démarrent, en effet, à la fin du mois de mai. Elles se tiendront lors des congrès nationaux des partis politiques ou par le vote direct pour les signataires des formulaires de nomination. Un spectacle électoral à l’américaine, donc.
Si la capacité des membres du gouvernement à se présenter à l’élection pose souci, c’est surtout en raison de la nouvelle loi électorale. En effet, la révision de loi électorale de février 2022 interdit à « toutes les personnes nommées à un poste politique à n’importe quel niveau » d’être « délégué votant ou candidat à toute convention ou congrès de tout parti politique aux fins de nomination de candidats à toute élection ». Une loi que la Cour fédérale a jugée inconstitutionnelle, avant que la Cour d’appel n’annule la décision, mercredi.
Un recours avait été déposé par le gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, Godwin Emefiele, interdit par la Commission électorale nationale indépendante (INEC) de se présenter en vertu de la même loi, ainsi que pour empêcher toute « conduite de politique partisane » par le gouverneur.
Ainsi donc, l’affaire allait être jugée par la Cour suprême du Nigéria. Avant que le président Buhari n’intervienne lui-même, exigeant la démission de tous les ministres, vice-ministres ou autres officiels nommés avant le 16 mai.
Muhammadu Buhari veut « finir en force et sans distractions »
Pour Ikemesit Effiong, de la société de consulting en politique SBM Intelligence, cette polémique ne serait que « du théâtre politique ». « De toute façon, la loi électorale exige que les membres du cabinet démissionnent. Plusieurs se conformeront à la directive (du président Buhari, ndlr), mais vous pouvez être sûrs que certains contesteront devant la cour », assure le spécialiste.
Le vrai souci pour les ministres de Buhari, c’est que la loi controversée empêche leur candidature à toutes les élections. A l’exception du ministre du Pétrole Timpire Sylva, et de ses homologues des Transports et du Travail, Rotimi Amaechi et Godswill Akpabio, quatre autres ministres ont donc annoncé leur démission, dévoilant de facto leurs ambitions électorales, que ce soit pour les législatives ou les régionales.
Muhammadu Buhari n’a cependant pas exigé la démission de son vice-président Yemi Osinbajo, qui veut lui succéder. Osinbajo a été élu en même temps que Buhari.
A neuf mois de la fin de son dernier mandat, Muhammadu Buhari devra donc nommer un nouveau gouvernement, ou presque. Une source de la présidence nigériane confie au journal The Gardian que « le président mettra en place une nouvelle équipe qui aidera son gouvernement à ‘finir en force et sans distractions’ ».