À deux mois des législatives malgaches, la présidente de l’Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa, ne siègera plus au Parlement après ses critiques contre le président de la République.
C’est une éviction qui fait beaucoup de bruit. La députée Christine Razanamahasoa, jusqu’à ces derniers jours présidente de l’Assemblée nationale malgache, a été déchue de son poste par la Haute Cour constitutionnelle. Certes, les élections législatives auront lieu le 29 mai prochain et Christine Razanamahasoa pourra donc, si elle est élue, retrouver son siège. Mais si c’est le cas, ce ne sera pas dans le camp de la majorité présidentielle.
Car désormais, à Madagascar, on ne critique plus le président de la République. Or, au sein de l’Assemblée nationale, les députés ont toujours dénoncé l’emprise présidentielle sur la majorité. Avant l’élection présidentielle, Andry Rajoelina avait d’ailleurs recadré ses députés en leur demandant de ne plus jouer contre leur camp.
Cette fois, le président malgache est allé plus loin. En tout cas, d’aucuns voient dans la décision de la Haute Cour constitutionnelle l’influence du président Rajoelina. Christine Razanamahasoa avait pris position contre l’exécutif. Mais la sanction, pour une partie de la majorité présidentielle et pour l’opposition, paraît disproportionnée. « Qui osera encore soutenir que l’on vit actuellement dans un État de droit ? », demande notamment Hajo Andrianainarivelo, président du parti d’opposition Malagasy Miara Miainga (MMM).
Pas de quoi déstabiliser Rajoelina. Sauf que le président, désormais, doit également subir les critiques de son propre camp. Certes, les députés restent mesurés dans leurs mots, parlant de « légèreté » dans la décision de la Haute Cour constitutionnelle. Mais tout le monde sait, dans la majorité, que c’est un message envoyé aux élus du parti au pouvoir. La présidente de l’Assemblée nationale a menacé, avec ses déclarations, la « stabilité » et « la démocratie à Madagascar », selon les partisans du président malgache.
C’est d’ailleurs surtout la méthode qui étonne : la logique aurait voulu que Christine Razanamahasoa soit simplement déchue de son poste de présidente de l’Assemblée nationale, avant d’être déchue de son poste de députée. Pour le camp présidentiel, la démarche est justifiée, le gouvernement s’appuyant sur la Constitution. Une chose est sûre : les députés qui voudront critiquer le président ou le gouvernement risqueront eux aussi leur place.