L’ONU a condamné le rôle du Rwanda dans le conflit qui touche l’est de la République démocratique du Congo. Mais les Nations unies refusent d’agir.
« Les Nations unies ne peuvent pas tout régler à la place des autorités locales, elles ne peuvent pas non plus régler le comportement des voisins ». Voilà, en substance, le message envoyé par l’Organisation des Nations unies (ONU) à Kinshasa après la fin, hier, de sa mission en République démocratique du Congo. Nicolas de Rivière, l’ambassadeur de France à l’ONU, a délivré un message clair, qui reconnait, mais surtout condamne l’agression de la RDC par le Rwanda, dans l’est du Congo. Si les mots sont clairs, cela ne devrait cependant pas amener à des actions onusiennes.
Cette condamnation par l’ONU est cependant une avancée, pour Kinshasa, qui se sent un peu moins seul. « Il n’est plus à démontrer que le Rwanda soutient le M23. Il est d’autre part clairement établi aussi qu’il y a des incursions de l’armée rwandaise régulière dans le Nord-Kivu. Cela aussi est inacceptable », a indiqué le diplomate français, qui propose pour le moment de simples sanctions : « Il y a une pression, des mesures coercitives qui sont prises parmi d’autres contre les leaders du M23. C’est une stratégie qui va se poursuivre et s’amplifier et à laquelle nous tenons ».
Mais l’ONU n’interviendra pas dans la région. Pas tout de suite en tout cas. Pour Nicolas de Rivière, son rôle est, pour le moment, de protéger les civils. Et c’est à la RDC de s’occuper des incursions et de l’avancée du M23, malgré le rôle joué par le Rwanda. « Agir contre les groupes, c’est principalement la responsabilité des FARDC (Forces armées de la république démocratique du Congo, ndlr). Celle de la Monusco est de protéger les civils. C’est important de le rappeler parce que les choses doivent être clairement dites et les responsabilités respectives rappelées et établies ».
Et maintenant ?
Il faut, dans un premier temps, un dialogue entre Kinshasa et Kigali, préconise le Conseil de sécurité de l’ONU. L’accord-cadre pour la paix et la sécurité dans l’est de la RDC, qui a été signé en février 2013 à Addis-Abeba, doit également être mis en œuvre, insistent les Nations unies qui voit dans ce texte « la boussole de l’action internationale ».
L’organisation internationale prendra donc des sanctions contre les leaders du M23. Rien qui ne permette de redonner le sourire à Félix Tshisekedi. Cependant, le président congolais peut s’enorgueillir d’avoir obtenu une victoire diplomatique : quelques jours après le passage d’Emmanuel Macron en RDC, il vient d’obtenir une condamnation claire et nette du Rwanda par l’ONU. Certes, mais maintenant ? Le Rwanda n’est pas menacé par les Nations unies et peut donc continuer à soutenir les rebelles du M23 sans craindre d’action de la part de l’ONU.
Kinshasa espère donc, après les mots, des actes. Mais les paroles de Nicolas de Rivière ne laissent que peu de place à l’optimisme : outre quelques sanctions et la protection des civils, l’ONU ne semble pas vouloir s’embourber dans ce conflit. Pour le Rwanda, le message est donc clair : rien n’empêche Kigali de poursuivre son offensive. Pire, la condamnation par l’ONU de son rôle dans le conflit pourrait provoquer une escalade de violences.