Alors que les relations entre l’Union africaine (UA) et la Chine ont connu des hauts et des bas, l’instance panafricaine vient d’annoncer l’ouverture d’une mission permanente à Pékin.
La résolution est passée de façon discrète. Elle a été présentée par le Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), et approuvée par la Conférence des chefs d’Etat. Elle prévoit l’ouverture d’une mission permanente en Chine, à Pékin. La décision a été validée lors du 35e Sommet de l’UA à Addis-Abeba, le weekend dernier.
Pour rappel, l’UA dispose de missions permanentes à l’ONU, à l’OMC, dans l’Union européenne et la Ligue arabe, notamment.
La mission impliquera au moins dix personnes, dont un représentant permanent de l’UA à Pékin, plusieurs fonctionnaires chargés de l’économie, du commerce, de la science et de l’éducation, entre autres. La résolution ne précise pas quand la mission ouvrira, mais on sait d’ores et déjà que « le recrutement des membres de la mission sera progressif et sous réserve du budget disponible ».
Le coût de la mission est estimé à 1 million de dollars par an.
Chine-Afrique : du bon…
La représentation de l’UA en Chine semble être logique : la Chine est le premier créancier du continent, avec un flux commercial dépassant les 250 milliards de dollars. Des milliers de projets de développement chinois sont actuellement en cours avec des Etats africains.
Lors du dernier Forum de coopération sino-africaine, qui s’est tenu à Dakar, le président chinois Xi Jinping a promis davantage d’investissements sur le continent, mais également d’encourager les exports africains vers la Chine à des conditions avantageuses.
Plus récemment, dans un message adressé à l’Assemblée générale de l’UA, à l’occasion de son récent sommet, Jinping a assuré que l’année 2021 « a été témoin d’un développement vigoureux des relations sino-africaines ».
En effet, malgré la pandémie de la Covid-19, les investissements directs et le commerce chinois ont atteint des chiffres records en Afrique. Cependant, plus spécifiquement, les accords bilatéraux avec l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Ethiopie, le Congo, la RDC, l’Angola et l’Algérie, surtout en matière d’infrastructure, ressemblent à un monopole chinois.
En 2020, la Chine avait déjà dépassé 44 milliards de dollars d’investissements directs en Afrique. Et entre 2003 et 2020, Pékin a prêté plus de 150 milliards de dollars aux Etats africains, dans le cadre de son projet de « Nouvelle route de la soie ».
… et du moins bon
D’un autre côté, les relations entre la Chine et l’Afrique, et spécifiquement entre la Chine et l’Union africaine, sont marquées par de nombreux scandales.
Parmi eux, le fameux « piège de la dette » chinois. Plusieurs sociétés chinoises ont saisi des avoirs souverains d’Etats africains en raison de dettes impayées. Notamment en Afrique du Sud, au Kenya ou encore en Angola.
En 2018, une enquête du journal Le Monde avait révélé que le siège de l’Union africaine, construit en 2012 par la Chine, contenait des serveurs dont le contenu était détourné directement vers Shanghai, en Chine. Les ingénieurs chinois qui avaient conçu l’infrastructure informatique du bâtiment avaient alors laissé délibérément deux failles de sécurité, afin de siphonner les données stockées sur les serveurs entre 2012 et 2017.
Selon le média, l’UA avait ensuite, en 2017, acquis ses propres serveurs, et la connexion au siège de l’UA passe désormais par des opérateurs étrangers, en lieu et place d’Ethio Telecom.
La Chine avait démenti ces accusations, qu’elle qualifiait d’« absurdités ». Néanmoins, avec la Chine qui monopolise une grande part du marché africain des télécommunications, par le biais de ses entreprises bien implantées et compétitives sur le continent, rien n’est sûr quant au respect de la souveraineté digitale des Etats africains par la Chine.