Khalifa Haftar est-il américain ? La rumeur sur sa double nationalité refait surface au moment de son procès aux Etats-Unis. Si celle-ci était avérée, elle pourrait signifier la fin de sa carrière politique en Libye.
Le 9 mai prochain, Khalifa Haftar doit comparaître devant un tribunal américain. Le maréchal libyen est poursuivi pour crimes de guerre. Au-delà du procès, c’est un bout de papier qui agite les débats : selon Africa Intelligence, les avocats des plaignants cherchent en effet à savoir si le militaire dispose de la nationalité américaine. Un « détail » qui aurait son importance pour la carrière politique de Haftar.
En effet, lorsque la loi électorale libyenne a été votée, celle-ci stipulait que les candidats à la magistrature suprême devaient, entre autres, avoir un diplôme et un casier judiciaire vierge. Mais surtout, ils ne devaient pas avoir une double nationalité, ni même avoir une conjointe de nationalité étrangère.
Autant dire que si Haftar dispose d’un passeport américain, il sera automatiquement disqualifié de la course à l’élection présidentielle, dont aucune date n’a, pour le moment, été avancée. Mais comment est venue l’idée, aux avocats des plaignants, de creuser cette piste ?
La rumeur sur la nationalité américaine du maréchal court depuis bien longtemps déjà. Il faut dire que Haftar était déjà présenté, en 2014, comme un personnage « made in USA », dont l’objectif était de combattre les islamistes pour le pays de l’Oncle Sam. En 1987, alors capturé au Tchad, Haftar est lâché par Kadhafi. Après trois ans dans une geôle, il est libéré par… Washington.
Un allié de Washington contre Kadhafi
Khalifa Haftar obtient alors l’asile politique en Virginie et se range dans l’opposition au Guide de la révolution libyenne — il aurait envisagé un coup d’État en octobre 1993, qui n’a jamais pu se faire. Objectif : aider la Maison-Blanche à renverser Kadhafi. Lorsqu’il rentre à Benghazi en 2011, Haftar retrouve alors un rôle de premier rang. Mais très vite, il est accusé par certains rebelles d’appartenir à la CIA. Sans que cela soit avéré. Mais Haftar, en se présentant comme un rempart contre le terrorisme, est un allié naturel de Washington.
La rumeur concernant sa double nationalité fait également parler ces derniers temps. Notamment en 2021. En septembre dernier, le journal Libyan Express assure que le militaire « a la double nationalité américano-libyenne » et qu’il compte même « se rendre aux Etats-Unis avec sa famille » pour une visite officielle.
Il devait alors y rencontrer des élus. Mais Emadeddin Muntasser, un homme d’affaires qui se présente comme un « dirigeant politique » et « activiste des droits de l’homme » avait appelé les membres de la Chambre des représentants et du Sénat à ne pas rencontrer Haftar s’il entrait aux Etats-Unis en tant qu’Américain.
Un an plus tôt, plusieurs responsables américains assuraient également que Haftar était détenteur de la nationalité américaine, qu’il avait obtenue dans les années 1970.
Mais difficile de savoir aujourd’hui s’il détient véritablement un passeport bleu. La piste creusée par les avocats pourrait donc avoir des conséquences importantes, si elle aboutit. Car Haftar serait de facto exclu de la prochaine présidentielle.