L’avenir du Premier ministre libyen, Abdel Hamid Dbeibah, a été discuté lors d’une rencontre entre le chef du parlement Aguila Salah Issa et le membre du Conseil présidentiel Abdallah Hussein Al-Lafi. Dbeibah se trouve de plus en plus isolé.
Ce lundi 17 janvier s’ouvrira la première session parlementaire de la Chambre des représentants (HOR) — le Parlement de Tobrouk — depuis septembre dernier. Ce samedi, de nombreux députés ont rencontré le chef de l’instance, Aguila Salah Issa, anticipant une « session parlementaire décisive ». Vendredi, c’est un membre du triumvirat présidentiel en Libye, Abdallah Hussein Al-Lafi, qui s’est déplacé dans l’est pour discuter avec Aguila Salah.
Selon des sources proches du Journal de l’Afrique, trois autres rencontres ont également été programmées ce dimanche. Aguila Salah a notamment rencontré, à son domicile de Gubba, son allié misrati et ancien chef du Conseil présidentiel Ahmed Miitig. Salah aurait également discuté avec le chef de la Haute Commission électorale libyenne (HNEC), Imed Al-Sayeh, ainsi que le député Hadi al-Saghir, chef du comité parlementaire pour la surveillance de l’élection.
Ces pourparlers accélérés tournent autour de deux sujets. Tout d’abord, la prochaine étape de la transition. Car avec l’échec de la tenue de l’élection du 24 décembre, qui précède un autre échec annoncé, celui d’un éventuel scrutin le 24 janvier, il devient de plus en plus nécessaire pour la classe politique libyenne de définir une date réaliste pour les élections.
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Ensuite, et surtout, c’est la désignation d’un nouveau Premier ministre qui sera à l’ordre du jour. Le retour à ses fonctions d’Abdel Hamid Dbeibah a fait beaucoup de mécontents. Bien qu’il soit toujours en poste, le Premier ministre libyen est désormais dans l’illégalité. Et en Libye, le risque que le gouvernement de transition se transforme en gouvernement durable est de plus en plus réel.
Soutien américain à Dbeibah
Or, face à Abdel Hamid Dbeibah, il n’y a pas que Salah. Le Premier ministre libyen est désormais complètement isolé au niveau national. D’un côté, Bachagha et Haftar ont conclu une alliance en décembre en vue de contrecarrer l’influence de Dbeibah. De l’autre, Saïf al-Islam Kadhafi est aux antipodes du Premier ministre. Il en est de même pour le lobby kadhafiste du Caire, dirigé par Ahmed Kadhaf al-Dam. Quant à l’est du pays, ce n’est un secret pour personne : Aguila Salah et Khalifa Haftar veulent éjecter Dbeibah de son siège.
Toutefois, les diplomaties onusienne et occidentales insistent à travers la représentante américaine de l’ONU, Stephanie Williams, quant au maintien d’Abdel Hamid Dbeibah. Une nouvelle intrigue politique en Libye est-elle en train de débuter ?
Depuis son entrée en fonction, la cheffe de la MANUL a multiplié les rencontres. Des ministres des Affaires étrangères tunisien et marocain, aux ambassadeurs de l’Algérie, de l’Egypte et des Emirats arabes unis (EAU), Stephanie Williams remercie des parties concurrentes pour leur « soutien » à la mission onusienne. Mais dans le même temps, Williams indiquait, ce samedi, que la Libye « n’a pas besoin d’un nouveau gouvernement ».
Dbeibah et Haftar se rapprochent d’Israël
Ainsi donc, Abdel Hamid Dbeibah, inhabituellement silencieux depuis qu’il a repris ses fonctions début janvier, est poussé vers la sortie par toute la classe politique en Libye. C’est à se demander comment le Premier ministre compte procéder pour conserver son poste.
En effet, malgré le soutien américain, et le potentiel appui turc, aucun scénario logique ne permet d’imaginer le maintien de Dbeibah à son poste actuel. Juridiquement parlant, le vide politique devrait rapidement laisser place à une nouvelle feuille de route proposée par Aguila Salah, qui est attendue au plus tard pour le 25 janvier si l’on en croit Stephanie Williams. En tout cas, le futur de Dbeibah se jouera dans les prochains jours, dans les couloirs du Parlement de Tobrouk.
Cependant, Dbeibah n’est pas resté inactif. Selon le journal algérien TSA, il aurait rencontré, la semaine dernière, le directeur du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea la semaine dernière en Jordanie. Une information démentie depuis par le gouvernement.
De son côté, le camp Haftar aurait également envoyé des représentants à Tel-Aviv. Après la visite du fils du maréchal Haftar, Saddam, en Israël en novembre dernier, l’avion de Haftar a fait un arrêt à Tel-Aviv ce jeudi.
L’est et l’ouest libyens se disputeraient-ils le soutien d’Israël et de ses alliés ?