Après l’escalade des tensions entre l’Espagne et le Maroc, c’est le royaume ibérique qui cède. Face aux milliers de migrants à Ceuta, ainsi que le rappel de l’ambassadrice marocaine à Rabat, la cour espagnole a aujourd’hui convoqué Brahim Ghali.
Il semblerait que la Maroc ait remporté le bras de fer l’opposant à l’Espagne. Après une crise diplomatique entre les deux pays, l’Espagne sacrifiera Brahim Ghali pour rétablir ses relations avec Rabat. Le chef du Front Polisario avait rejoint l’Espagne fin avril pour y être traité contre la Covid-19. Le leader rebelle sahraoui, appuyé ouvertement par l’Algérie, aurait fait le voyage à bord d’un avion algérien.
Le cumul des deux faits avait poussé le Maroc à réprimander l’ambassadeur espagnol Ricardo Diez. Selon le ministre marocain des Affaires Etrangères, l’Espagne aurait agi de façon « incompatible avec le bon voisinage », a déclaré Nasser Bourita. De son côté, l’Espagne a répliqué en maintenant le silence quant à l’évolution de l’affaire de Brahim Ghali. Du côté marocain, des milliers de migrants, dont plus de 1000 mineurs, ont accosté à Ceuta. Dans l’impossibilité de rapatrier les mineurs, et la difficulté d’accueillir les autres migrants, l’Espagne a multiplié les cris de détresse. Le 18 mai, le Maroc a rappelé son ambassadrice en Espagne.
Brahim Ghali se rappelle au bon souvenir d’Alger
Donc, face à cette escalade inédite, l’Espagne a décidé de sacrifier Brahim Ghali sur l’autel de son échec diplomatique. Cette offrande s’ajoute à une longue liste de déboires espagnols en Afrique. Pour rappel, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, avait conclu une tournée africaine en avril. Pendant le voyage « d’El Guapo » – le beau –, il a discuté de la « crise migratoire » avec le président sénégalais. Il a aussi visité le Ghana, entre autres. Le fait d’avoir outrepassé le Maroc dans sa tournée aurait aussi fâché Rabat.
Après cette suite de discordes, la Cour espagnole a décidé aujourd’hui de convoquer Brahim Ghali à comparaître. Selon un document supposément consulté par l’agence de Presse Reuters, des charges graves lui incomberaient. En effet, le chef du Front Polisario aurait été accusé de génocide, meurtre, terrorisme, torture et enlèvement. Des accusations que Ghali a réfutées. Le leader rebelle, hospitalisé dans le Nord espagnol, a refusé de signer la convocation. Il a déclaré qu’il devait se référer à l’ambassade d’Algérie. Toutefois, étant sous la garde des autorités espagnoles, il pourrait être forcé de comparaitre le 1e juin.
Néanmoins, il est intéressant que Ghali déclare qu’il soit protégé par l’Algérie. En effet, le Sahara occidental a été un point de discorde entre le Maroc et l’Algérie depuis des décennies. Les voisins nord-africains ont une relation tendue sur tous les fronts. Et avec l’aggravation de ce dossier, l’entremise de l’Espagne, la normalisation marocaine avec Israël, ainsi que les dernières déclarations de Tebboune, cela ne risque pas de s’arranger. N’empêche, l’Espagne sort perdante des chaises musicales, quoi qu’il se passe.