La France vient d’accepter une aide de plusieurs millions d’euros au Niger. Une façon pour Paris de remercier Mohamed Bazoum pour son indéfectible soutien ?
Depuis plusieurs mois, il est devenu le messager de la France. À demi-mots — et même parfois de façon plus franche —, le président nigérien Mohamed Bazoum a critiqué tour à tour l’incapacité de la junte malienne à obtenir des résultats efficaces en matière de sécurité et les coups d’État. Bazoum ne s’est également pas privé de déplorer l’inefficacité des paramilitaires de Wagner.
Une ligne qui ressemble à s’y méprendre à celle de Paris. Il faut dire que, en juillet dernier, le président Bazoum affirmait qu’il était « en train de discuter avec Paris pour redéfinir le redéploiement » des militaires français, après l’annonce du retrait de Barkhane du Mali.
Bazoum se posait alors en défenseur de la présence française en Afrique. « Je suis totalement désolé de la campagne qui est menée contre eux. Je veux que les Français soient forts, parce qu’ils ont, avec cet espace du Sahel, une histoire singulière », indiquait même le président nigérien qui assurait être « sûr que le jour où les Français plieront bagage à Gao, ce sera le chaos ».
En ces périodes de troubles dans la relation entre Paris et les États africains, les sorties de Bazoum valaient bien une récompense. Selon Africa Intelligence, le Trésor français « vient de valider une nouvelle aide budgétaire de 15 millions d’euros en faveur de Niamey ». Dans le même temps, poursuit le quotidien, Paris conforte sa présence militaire dans le pays.
Outre une présence militaire accrue, sur place, la France a également avancé ses pions au niveau diplomatique, en désignant en septembre dernier un des « Monsieur Afrique » d’Emmanuel Macron, Sylvain Itté, au poste d’ambassadeur de France au Niger. L’ex-envoyé spécial pour la diplomatie publique en Afrique auprès du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a multiplié les rencontres avec la société civile, il a notamment discuté deux fois avec les représentants du Conseil des Nigériens de France.
Objectif : éviter que, comme au Mali ou au Burkina Faso, le sentiment antifrançais soit trop présent. Récemment, Emmanuel Macron demandait à ses diplomates que ces derniers deviennent les fers de lance de la lutte contre l’influence russe. Le « narratif, russe, chinois ou turc » fait apparaître l’Hexagone comme « un pays qui fait de la néocolonisation et qui installe son armée sur (le) sol » africain, déplorait alors le président français.
Problème : en Afrique, Paris perd effectivement de son influence. Et les soutiens d’Emmanuel Macron se comptent désormais sur les doigts d’une main. Outre le Tchad, Paris veut donc miser sur le Niger. Et Bazoum semble être le meilleur allié du chef de l’État français.
Alors qu’une manifestation se déroulait dans les rues de Niamey mi-septembre, pour dénoncer la présence au Niger de la force française Barkhane chassée du Mali, le président nigérien avait mis la pression sur les manifestants en menaçant opposants politiques et organisations de la société civile d’arrestations.