Joe Biden a exclu le Niger, le Gabon, l’Ouganda et la Centrafrique de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) en raison de « violations des droits humains » ou de coups d’Etat militaires.
Il y a quelques mois encore, l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) servait de monnaie d’échange pour les Etats-Unis. Il s’agissait alors pour Washington de demander aux pays africains faisant partie de l’AGOA de ne pas se tourner vers la Chine ou vers la Russie. En contrepartie, l’apport économique de l’AGOA était conséquent.
« Le principal instrument dont dispose Washington pour développer le commerce et encourager les bons comportements en Afrique est la Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA), qui doit expirer en 2025. C’est un cadre qui sert de levier », écrit notamment mais comme le montrent les données, les échanges sont en déclin évident », écrivait Bhaso Ndzendze, professeur à l’université de Johannesburg.
Mais au-delà de la simple Guerre froide entre Etats-Unis et Russie, l’AGOA semble être devenu plus qu’un levier : il ressemble désormais à un outil de chantage. En désaccord sur plusieurs points avec quelques pays africains, Washington a décidé de retirer de l’AGOA le Niger, le Gabon, l’Ouganda et la Centrafrique. Ils vont, en substance, cesser de bénéficier de facilités commerciales pour exporter leur production vers les Etats-Unis.
Qu’est-ce qui a fait que ces pays devront désormais payer des droit de douanes s’ils veulent exporter leurs produits sur le sol américain ? Pour le Niger et le Gabon, le constat est simple : les coups d’Etat récents et les juntes militaires au pouvoir ne plaisent pas aux Etats-Unis.
Quant à la République centrafricaine, ce sont les « violations flagrantes des droits humains et des droits des travailleurs » qui poseraient souci à Joe Biden. Enfin, l’Ouganda est visé par les Etats-Unis pour des « violations flagrantes des droits humains internationaux ». En cause, la loi anti-homosexualité.
Pour Washington, il faut montrer patte blanche pour faire partie de l’AGOA. Mais bien évidemment, avec les règles américaines : si la loi anti-homosexualité est mal vue par Washington, la criminalisation de l’avortement, qui touche notamment les Etats-Unis, ne poserait pas de problème à Washington, par exemple.
Mais qu’importe : Washington a droit de vie et de mort sur les exportations africaines : il faut respecter l’idéologie américaine pour espérer ne pas avoir à payer de droits de douane. Et pour Kampala, les exportations représentent tout de même 175 millions de dollars rien que pour l’année dernière.
Alors que les Etats-Unis avaient demandé à Kampala de ne pas passer d’accord commercial avec la Russie, Washington a déjà réduit les visas pour les officiels ougandais « responsables d’abus contre les droits, notamment des personnes LGBT » en juin dernier.
Mais l’AGOA va-t-elle vraiment gêner les pays concernés ? En tout cas, ironie du sort, Joe Biden a précisé qu’aucun des pays concernés n’avait tenté de défendre sa cause auprès de l’administration américaine.