Alors que l’heure est à la grande migration vers le sud pour les terroristes de la zone des « Trois frontières », un des groupes se dirigerait plutôt vers le nord. Avec l’Algérie en point de mire ?
Le matin du 14 janvier, un groupe de chasseurs en camion, qui arpentait les routes du côté de Bir el-Ater, dans l’est algérien, a roulé sur une mine artisanale. L’explosion a causé la mort de cinq personnes. Une attaque qui a ravivé la peur chez les habitants de la région, historiquement connue pour ses violences durant la décennie noire, entre 1992 et 2002.
C’est effectivement la première fois, depuis ce douloureux épisode, que des civils sont visés par une attaque terroriste.
Au lendemain de la tragédie, dans la proche commune de Khenchela, les troupes antiterroristes algériennes ont découvert un tube lance-missile anti-air d’origine russe, avec cinq missiles, huit AK47 et deux caisses de munitions. L’arme russe non plus n’a pas été utilisée depuis le début des années 1990.
Le combat de l’armée contre Aqmi
Un mois auparavant, l’armée algérienne avait arrêté Abou Dahdah à Jijel. Suite à son interrogatoire, les unités spéciales algériennes ont déterré l’équipement du membre d’Aqmi, ainsi que 80 000 euros issus d’un échange d’otages au Mali.
L’armée algérienne et les forces antiterroristes sont dans un combat perpétuel et éprouvant contre Aqmi depuis presque trente ans. Et dans les médias algériens, cette lutte est décrite là où, habituellement, le ministère de la Défense nationale ne donne que très peu de détails sur les pertes civiles dus aux attentats terroristes ou sur ses opérations.
Le terrorisme à usage politique
Une méthode qui en dit long sur ce à quoi il faut s’attendre. Donner aux attentats terroristes une résonance médiatique est l’un des moyens les plus efficaces de tuer dans l’œuf les révoltes populaires dans les pays d’Afrique du Nord, et ce bien avant la résurgence d’Aqmi. Un coup de communication qui, bien souvent, permet de rallier les populations aux gouvernements. L’unité nationale face au terrorisme avant tout !
Dans le cas de l’Algérie, la peur du terrorisme a muselé chaque appel au changement. Mais aujourd’hui, la lutte contre Aqmi sera-t-elle suffisante pour étouffer le Hirak ? L’Algérie s’écroule économiquement. Politiquement, le départ du président de la République a hier encore été réclamé par les manifestants.
La médiatisation des évènements des derniers mois a donc un but précis pour le pouvoir algérien : porter l’attention sur les négociations des pays occidentaux avec les terroristes, notamment pour les échanges d’otages. L’Algérie a toujours considéré les rançons payées à Aqmi comme un « financement direct du terrorisme », comme l’indiquait Mohammed Bessedik en 2020.
Que sa médiatisation soit instrumentalisée ou pas par le pouvoir, la menace terroriste d’Aqmi est en tout cas bien réelle en Algérie, surtout depuis qu’Al Annabi, d’origine algérienne, a pris les rênes du groupe terroriste. Pour le Hirak, un retour de mesures antiterroristes strictes pourrait signer l’arrêt de mort du mouvement. Affaire à suivre.